Mokue
nizô kaigen no koto
L’ouverture
des yeux des images sculptées ou peintes
L’Eveillé
est doté de trente-deux signes distinctifs[i].
Tous relèvent de la loi de la forme. Les trente et un signes dont les mille
cercles tracés sous ses plantes des pieds[ii],
signe situé au plus bas, jusqu’à l’excroissance qu’on ne voit pas au
sommet de son crâne[iii],
signe situé au plus haut, tous sont des formes visibles et tangibles[iv]
que l’on peut dessiner ou sculpter. Seul le signe de sa voix, dont le son
parvient au ciel de Brahma[v],
est une forme invisible et intangible[vi].
On ne peut dès lors pas la dessiner ni la sculpter comme les autres.
Après
l’extinction de l’Eveillé, il existe des images sculptées ou peintes (du
Bouddha). Elles ne possèdent que trente et un signes, car celui de la voix dont
le son parvient au ciel de Brahma leur fait défaut. Pour cette raison, elles ne
représentent pas le Bouddha. Elles ne possèdent pas non plus la loi de
l’esprit. Si l’on compare le Bouddha au corps vivant à ses images sculptées
ou peintes, (la différence est la même qu’entre) ciel et terre, nuages et
fange. Comment “l’Epilogue du Sutra de la grande extinction”[vii]
peut-il dès lors prétendre que les œuvres et vertus inhérentes au Bouddha au
corps vivant et celles des images sculptées ou peintes après son extinction
sont égales ? En effet, le “Sutra des parures précieuses”[viii]
déclare bien que les images sculptées ou peintes sont inférieures au Bouddha
vivant.
Si
l’on place un sutra devant un Bouddha en bois ou peint, ce Bouddha est alors
doté des trente-deux signes. Toutefois, s’il est dénué de cœur, même avec
ces trente-deux signes, il n’est en rien Bouddha. En effet, certains hommes et
les cieux même peuvent posséder eux aussi les trente-deux signes. Si l’on
pose les “Sutra sur les cinq préceptes”[ix]
devant une sculpture ou une image aux trente et un signes, ce Bouddha devient dès
lors égal au roi (qui fait tourner) la roue[x].
Si l’on pose ce que l’on nomme “Discours sur les dix actes de bien”[xi],
il devient alors égal à Taishaku[xii].
Si l’on pose le “Discours sur l’émancipation du monde des désirs[xiii]”,
il devient l’égal du roi Bonten[xiv].
Cependant, il ne devient nullement Bouddha.
Si, devant les images en bois ou peintes, l’on pose les “Sutra Agama”, elles deviennent égales aux auditeurs. Si l’on pose les enseignements communs de la sagesse exposés à certaines époques, en certaines assemblées, les enseignements des doctrines diverses et ceux de la sagesse, ces images deviennent égales aux Bouddha pour soi. Si l’on place les enseignements particuliers et parfaits de l’Ornementation fleurie, des Doctrines diverses et de la Sagesse, elles deviennent alors égales aux bodhisattva. Elles ne deviennent cependant nullement Bouddha elles non plus.
Les
mudra[xv] et les mantra[xvi]
des Bouddha Buddhalocana[xvii]
et Mahavairocana[xviii], enseignés dans les sutra de “l’Ornementation
fleurie”, de “la Couronne de diamant” et de “l’Acte de perfection”
sont inutiles. Car même si le nom de ces vénérés est Œil du Bouddha et
Grand soleil, ils ne sont ni l’œil du Bouddha, ni le grand soleil. Par
exemple, même un Bouddha, comme celui du Sutra de l’Ornementation fleurie, il
n’est pas le Bouddha de l’enseignement parfait. Il ne faut donc pas se fier
au seul nom.
Toutefois,
si l’on pose le “Sutra du Lotus” devant le Bouddha aux trente et un signes,
alors, immanquablement, celui-ci devient le Bouddha à l’enseignement pur et
parfait[xix].
C’est pourquoi, le “Sutra du Sage universel”, évoquant l’Eveillé du
“Sutra du Lotus”, expose : “Les trois corps du Bouddha proviennent
des doctrines diverses”. Il est à noter ici que les “doctrines diverses”
ne se réfèrent pas aux doctrines diverses[xx]
de la période du même nom. Elles se rapportent aux doctrines diverses du
“Sutra du Lotus”. Ce sutra dit encore : “Ce sutra du Grand véhicule
est l’œil de tous les Eveillés. C’est par lui que tous les Eveillés
obtiennent de se doter des cinq yeux”[xxi].
Les
idéogrammes du “Sutra du Lotus” expriment, sous une forme visible et
tangible, la voix du Bouddha dont le son parvient au ciel de Brahma, forme
elle-même invisible et intangible. Dès lors, les idéogrammes expriment les
aspects physiques des couleurs et des formes. Aussi, la voix du Bouddha dont le
son parvient au ciel de Brahma, éteinte jusque-là, réapparaît sous forme
d’idéogrammes et fait obtenir des bienfaits aux êtres. Les hommes ont deux
façons de manifester leur voix. Ils émettent premièrement celle-ci pour dire
aux autres ce qu’eux-mêmes ne croient pas dans le dessein de les duper.
C’est ce que l’on nomme la voix (émise) en fonction du cœur des autres[xxii].
Mais on peut également exprimer par la voix ce que l’on pense véritablement.
Dès lors, le cœur se manifeste par son biais. Le cœur est donc la loi de
l’esprit, la voix celle de la forme. L’esprit se manifeste lui-même par la
forme. On peut aussi connaître le cœur (de l’autre) en écoutant le son de
sa voix. En effet, la loi de la forme manifeste la loi de l’esprit. L’esprit
et la forme, non distincts par essence, se manifestent sous deux aspects
distincts, le cœur du Bouddha apparaît, devenu les idéogrammes du Lotus du
Dharma. Les idéogrammes, transformés, deviennent le cœur du Bouddha. Aussi,
ceux qui lisent le Sutra du Lotus ne doivent pas considérer qu’ils ont sous
les yeux uniquement des idéogrammes. En effet, ces idéogrammes sont eux-mêmes
le cœur du Bouddha. Pour cette raison, Zhiyi, dans un commentaire[xxiii],
disait : “Lorsque, après en avoir reçu la demande, l’Eveillé prêcha,
il exposa le cœur de l’enseignement. Le cœur de l’enseignement est le cœur
de l’Eveillé. Le cœur de l’Eveillé est la sagesse de l’Eveillé. La
sagesse de l’Eveillé est profonde. C’est pourquoi il récusa trois fois les
quatre demandes[xxiv].
Ce fut donc un moment difficile à comprendre pour ses auditeurs. En comparaison,
les autres sutra, eux, étaient faciles”. Dans ce commentaire, (Zhiyi) utilise
l’expression cœur de l’Eveillé pour montrer que bien que possédant un
aspect physique, les idéogrammes ne relèvent non pas de la loi de la forme,
mais de la loi de l’esprit.
Lorsqu’on
adopte le “Sutra du Lotus” comme loi de l’esprit, joignant les paumes face
à une statue en bois ou une image peinte aux trente et un aspects, celle-ci
devient alors le Bouddha. On parle alors de l’éveil des végétaux. C’est
aussi pour cette raison que Zhiyi disait : “Une couleur, un parfum ne
sont pas en dehors de la voie du milieu”. Cheng Guan[xxv]
de l’Ornementation fleurie déroba la “Une pensée trois mille” de Zhiyi
pour l’introduire dans l’Ornementation fleurie et prétendit que
“l’Ornementation fleurie, comme le Lotus, révèle Une pensée trois mille
et que toutefois, l’Ornementation fleurie est un enseignement soudain destiné
à la prédisposition soudaine et enseigné avant, alors que le Lotus,
enseignement graduel et soudain fut enseigné après[xxvi].
Aussi, l’Ornementation est le tronc, alors que le Lotus est les branches et
les feuilles”. Cheng Guan était ainsi bouffi d’un orgueil incommensurable,
persuadé que lui seul avait compris le principe véritable. Néanmoins, Miaolo
se riait de lui pour son ignorance de l’essentiel d’Une pensée trois mille,
à savoir l’éveil des végétaux.
Les
savants du Tendai d’aujourd’hui pensent être les seuls à avoir maîtrisé
Une pensée trois mille. Or, ils considèrent que le “Sutra du Lotus” est égal
au “Sutra de l’Ornementation fleurie” ou au “Sutra Dainichi”.
Lorsqu’ils développent leurs théories, ils ne vont pas au-delà de la vision
de Chen Guan. Ils sont identiques à Subhakarasimha[xxvii]
et à Amoghavajra[xxviii].
En conséquence, si l’offrande de l’ouverture des yeux[xxix]
d’une image sculptée ou peinte est dirigée par un maître du Shingon, cette
image ne deviendra pas le véritable Bouddha, mais un Bouddha provisoire. En
fait, elle ne sera même pas un Bouddha provisoire non plus. Son aspect
ressemblera à celui d’un Bouddha, mais son cœur sera celui du végétal, son
origine. Elle ne sera pas non plus le végétal qu’elle est à l’origine,
elle sera un démon, un esprit malfaisant, parce que les doctrines erronées du
maître du Shingon, exprimées à travers les mudra et les mantra, deviennent le
cœur de l’image sculptée ou peinte. Par exemple, il arrive que, parfois, la
pensée de certains hommes les amène à se transformer en pierre. C’est ce
qui arriva à Uluka[xxx]
et à Kapila[xxxi].
Tant
qu’un homme ayant saisi l’esprit du Lotus ne procède pas à l’offrande de
l’ouverture des yeux d’une image sculptée ou peinte, cette image sera comme
une maison sans maître visitée par un voleur ou comme un esprit maléfique pénétrant
le corps d’une personne au moment de sa mort. Or, à présent, l’ouverture
des yeux des Bouddha du Japon est effectuée par le rite Shingon. Aussi, les
esprits maléfiques y pénètrent et s’approprient la vie des êtres. Les
esprits maléfiques sont appelés “ceux qui dépouillent de la vie”. Les démons
y pénètrent, privant les êtres des œuvres et vertus. Les démons sont appelés
“ceux qui dépouillent des œuvres et vertus ”. Or, c’est parce que les
hommes vénèrent des esprits maléfiques que la Nation sera détruite dans la
vie présente. Parce qu’ils respectent des démons, ils tomberont dans
l’enfer aux souffrances sans intermittence dans la vie suivante.
Lorsqu’un
homme meurt, l’Esprit essentiel quitte le corps. A la place, un esprit maléfique
peut le pénétrer et détruire ses fils et descendants. C’est ce qu’on
entend lorsqu’on dit que les esprits affamés[xxxii]
se dévorent même eux-mêmes. Par contre, si un sage lit le “Sutra du
Lotus” qui devient l’Esprit essentiel des ossements, le corps de l’homme
reste alors un corps d’homme et son esprit devient le corps du Dharma. Telle
est la doctrine de l’obtention de l’endurance de son vivant[xxxiii].
Un sage éveillé à la doctrine parfaite contenue dans les enseignements de
l’Ornementation fleurie, des Doctrines diverses et de la Sagesse, peut amener
le corps d’un défunt à l’obtention de l’endurance de son vivant. C’est
ce qu’indique le “Sutra de l’Extinction” par :“bien que son corps
soit celui d’un homme, son esprit est identique à celui du Bouddha”.
L’attestation manifeste de l’obtention de l’endurance de son vivant est
Cunda[xxxiv].
Le sage qui s’est éveillé au Lotus effectue l’offrande aux reliques d’un
défunt, celui-ci devient tel quel le corps du Dharma. C’est ce que l’on
appelle “dès ce corps”. Le sage fait revenir dans les reliques l’âme
partie, transforme cette âme en cœur du Bouddha. C’est ce que l’on appelle
”devenir Bouddha”. Les mots “dès ce corps” se rapportent à la loi de
la forme et les mots “devenir Bouddha” à la loi de l’esprit. La forme et
l’esprit du défunt, transformés, deviennent la sagesse sublime et l’objet
sublime (de la sagesse). C’est ce que, autrement dit, on appelle “devenir
Bouddha dès ce corps”. Pour cette raison, dans le “Sutra du Lotus”, il
est dit : “Pour tous les dharma, ainsi est l’aspect (corps du défunt),
ainsi est la nature (son esprit), ainsi est la substance (sa forme et son
esprit)”[xxxv].
Il est dit encore :
“Profondément
versé dans l’aspect des fautes et des mérites
Et
éclairant partout dans les dix directions,
Le
corps du Dharma pur, subtil et sublime
Est
doté des trente-deux signes”[xxxvi].
Les
deux premiers versets de cette stance expriment l’obtention de l’endurance
de son vivant. Les deux versets suivants décrivent l’éveil dès ce corps.
L’exemple de l’éveil dès ce corps est celui de la fille du roi dragon.
L’exemple de l’obtention de l’endurance de son vivant est celui de Cunda.
Traité
daté de la première année de Bun’ei (1264), écrit à Kamakura par Nichiren
Daishônin, âgé alors de 43 ans et dont le destinataire est inconnu. Cet écrit
est également appelé “Hokke kotsumoku
kanjin” ou “La substantifique moelle, le principal et l’essentiel du
Lotus”. Il est fondé sur le principe de l’éveil des végétaux et traite
de l’ouverture des yeux des Bouddha sculptés sur bois ou dessinés sur papier,
qui deviennent alors égaux au Bouddha vivant. Selon Nichiren Daishônin,
l’ouverture des yeux doit se faire nécessairement à l’aide du Sutra du
Lotus. Dans la première partie, il écrit que même si les Bouddha sculptés
ou dessinés sont inférieurs au Bouddha vivant, si l’on place devant elles le
Sutra du Lotus, en fonction du principe de l’éveil des végétaux,
elles deviennent l’égal du Bouddha. L’éveil des végétaux provenant de la
doctrine d’Une pensée trois mille, les autres écoles, ignorant Une pensée
trois mille ou l’ayant introduit a
posteriori comme le fit le Shingon, ne possèdent pas la capacité de procéder
à l’ouverture des yeux des Bouddha sculptés ou peints. Nichiren Daishônin
affirme que l’ouverture des yeux ne peut se faire qu’avec le Sutra du
Lotus. Il termine en évoquant les bienfaits du Sutra du Lotus qui
sont l’obtention de l’endurance de son vivant (j. shôjin
tokunin) et l’éveil dès ce corps (j. sokushin
jôbutsu), en précisant toutefois que l’intention véritable du Sutra
du Lotus réside dans l’éveil dès ce corps.
[i]
Trente-deux signes distinctifs (j. sanjûni
sô): caractéristiques physiques que les Bouddha, bodhisattva, le saint
roi qui tourne la roue et d’autres sont dits posséder.
[ii]
Mille cercles tracés sous ses plantes des pieds (j. senbuku
rin): le Bouddha est dit posséder la marque de la roue du Dharma tracée
sur la plante de chaque pied.
[iii]
Excroissance qu’on ne voit pas au sommet de son crâne (j. muken
chôsô) : Cette marque est souvent évoquée comme une protubérance
de chair ressemblant à un chignon placé au sommet du crâne du Bouddha. Le
sommet du crâne du Bouddha est dit être non visible, symbole de son
immense et inconcevable sagesse, le caractère infini de son éveil, etc.
[iv]
Formes visibles et tangibles (j.
kaken utai shiki) : première
des trois catégories d’existences physiques énumérées dans l’Abidon
shin ron. “Tangible” signifie ici que les existences physiques de
cette catégorie ne peuvent pas occuper simultanément la même place. La
deuxième catégorie renferme les existences physiques invisibles et
tangibles. La troisième catégorie recouvre les existences invisibles et
intangibles.
[v]
Voix
dont le son parvient au ciel de Brahma (j. bonnon
jô): appelée ainsi parce que puissante et harmonieuse, la voix du
Bouddha réjouit ceux qui l’entendent. Elle touche le fond du cœur des êtres
et provoque un sentiment de respect.
[vi]
Selon le Kosa, toutes les formes de sons et de voix, y compris la
voix du Bouddha dont le son parvient au ciel de Brahma, entrent dans
la catégorie des existences physiques invisibles et intangibles. Pourtant,
Nichiren Daishônin affecte la puissante voix de l’Eveillé à la catégorie
des formes invisibles et tangibles, sans doute pour souligner le fait
qu’elle matérialise tous les enseignements du Bouddha.
[vii]
Epilogue du Sutra de la Grande extinction (j. daihatsu
nehangyô gobun): Le Sutra de la Grande extinction est une
version chinoise du Sutra de l’Extinction (Nirvana sutra), nom générique
des sutra comprenant les enseignements que le vénéré Shakya est dit avoir
exposés immédiatement avant son extinction ou des sutra décrivant les événements
entourant son entrée dans le Nirvana. L’Epilogue du Sutra de la Grande
extinction est un écrit en deux fascicules, traduit en chinois par
Jnanabhadra de la dynastie des Tang. Il décrit la crémation du corps de
l’Eveillé, la répartition de ses cendres, etc.
[viii]
Sutra des parures précieuses (j. yôraku
kyô): nom abrégé du Sutra des parures précieuses des bodhisattva,
appelé également Sutra de la rétribution présente (j. genzai
hô kyô), composé de quarante-cinq chapitres répartis sur treize (ou
quatorze) fascicules traduits par Zhu Fonian (384 – 417), à l’époque
de la dynastie des Qin postérieurs. Il décrit les diverses pratiques que
doivent effectuer les bodhisattva. Le sutra compare ces pratiques à des
parures précieuses.
[ix]
Sutra sur les cinq préceptes (j. gokai
ron): Les cinq préceptes sont les commandements devant être observés
par les pratiquants laïques : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas forniquer,
ne pas mentir et ne pas boire d’alcool. L’expression “sutra sur les
cinq préceptes” est soit le qualificatif d’un sutra traitant des cinq
préceptes, soit le terme générique de ce genre de sutra.
[x]
Saint roi qui fait tourner la roue (s. cacravartin,
j. tenrin jô ô): synonyme de
souverain idéal dans la mythologie indienne, le saint roi qui fait tourner
la roue (cacra) administre le
monde par la justice et non pas par la force. Ces rois possèdent les
trente-deux signes distinctifs et gouvernent les quatre continents entourant
le mont Sumeru en tournant la roue confiée par les cieux au moment de leur
couronnement. Il y a quatre sortes de roues : en or, en argent, en
cuivre et en acier. Nichiren Daishônin cite ici le roi qui fait tourner la
roue en tant qu’exemple des êtres du monde des hommes possédant les
trente-deux signes distinctifs.
[xi]
Discours sur les dix (actes de) bien (j. jûzen
ron): les dix actes de bien constituent les préceptes pour les
pratiquants laïques dans le Grand véhicule. Ce sont des interdits
concernant les dix mauvaises actions : le meurtre, le vol, la
fornication, le mensonge, la flatterie, la médisance, la duplicité, la
cupidité, la colère et les vues erronées. Le bouddhisme enseigne que
l’on peut renaître dans le monde des cieux si l’on observe ces préceptes.
L’expression “discours sur les dix actes de bien” fait référence à
tous les sutra et traités concernant les dix actes de bien. Il est aussi
utilisé en tant que terme générique pour tous ces sutra et traités. On
ne sait pas dans quel sens Nichiren Daishônin l’utilise ici.
[xii]
Taishaku (s. shakra devanam indra) :
divinité suprême au sein du panthéon indien. Dans le bouddhisme, elle est
considérée, avec le roi Bonten, comme divinité protectrice du Dharma.
Elle demeure sur le mont Sumeru et a sous ses ordres les quatre grands rois
célestes. Elle se manifesta sous différents aspects au cours de l’ascèse
de Shakyamuni pour éprouver son esprit de recherche.
Après son obtention de la voie, Indra promit de le protéger. Elle
apparut accompagnée de vingt mille féaux dès le prêche du chapitre
« Introduction » du Sutra du Lotus. Nichiren Daishônin
la cite ici, ainsi que le roi Bonten, en tant qu’exemples d’êtres célestes
possédant les trente-deux signes distinctifs.
[xiii]
Discours sur l’émancipation (du monde) des désirs (j. shutuyoku
ron): le bouddhisme enseigne que l’on peut se libérer du monde des désirs,
et renaître dans les cieux de la méditation au sein du monde de la forme,
en pratiquant les quatre degrés de la méditation.
[xiv]
Roi Bonten (s. Sikhin, j. Daibonten ô) : seigneur du ciel de Brahma (j.
Bonten), le troisième et le plus élevé des trois cieux du premier ciel de
la méditation (s. dhyana , j. shozenten) dans le monde des formes (j.
shikikai). Sikhin protège les pratiquants du Bouddhisme en compagnie de
Sakra -Devanam Indra (J. Taishakuten).
[xv]
Mudra (j in
ou ingei, ou encore inzô, ou
bien geiin) : “signes manuels”
; signes rituels effectués avec les doigts dans le bouddhisme ésotérique.
Ces gestes représentent l’éveil ou le vœu d’un Bouddha ou d’un
bodhisattva ou de divinités. Les mudra se pratiquent en joignant les doigts
ensemble de différentes manières. Parfois, certains objets tenus dans la
main, une fleur de lotus ou un sabre, sont considérés comme faisant partie
du mudra. On considère que grâce à la pratique des mudra, le pratiquant
peut pénétrer dans le monde du Bouddha ou réaliser la fusion avec le
monde des dharma, même s’il n’a pas encore détruit ses illusions.
Parmi l’infinité des mudra, douze constituent les positions de base pour
les doigts et six pour les poings.
[xvi]
Mantra (j. shingon): “formules incantatoires” faisant partie du rituel du
bouddhisme ésotérique (shingon), constituées de mots ou de syllabes
considérées comme contenir des pouvoirs mystiques. L’école du Shingon
considère les mudra et les mantra comme une méthode pour réaliser
l’union avec le Bouddha Vairocana (j. dainichi = Grand soleil).
[xvii]
Buddhalocana (j. butsugen):
Bouddha révélé dans le bouddhisme ésotérique (Shingon). Son nom
signifie “œil du Bouddha”. Il est dit, dans le bouddhisme ésotérique,
donner naissance à tous les autres Bouddha. C’est pourquoi, on
l’appelle également “Butsumô“ ou “mère des Bouddha”.
[xviii]
Mahavairocana (j. dainichi):
Bouddha des enseignements du Shingon, Mahavairocana ou “Grand soleil”
est lui aussi considéré comme étant la source d’où jaillissent tous
les Bouddha et bodhisattva.
[xix]
Enseignement pur et parfait: il existe deux sortes d’enseignements
parfaits : l’enseignement parfait contenu dans les sutra antérieurs au Sutra
du Lotus et l’enseignement parfait enseigné dans le Sutra du Lotus.
Celui-ci est qualifié de pur, car il est dénué des moyens, ce qui n’est
pas le cas de l’enseignement parfait des sutra antérieurs.
[xx]
Doctrines diverses (j. hôdô): le
mot “hôdô” est constitué des idéogrammes “hô” (correct en doctrine) et “dô”
(universel). Pour cette raison,
le mot “hôdô” est en général utilisé pour désigner les sutra du
Grand véhicule.
[xxi]
Cinq yeux (j. Go
gen) : ils sont cités, notamment, dans le Traité de la grande
sagesse de Nagarjuna. 1) L’œil de chair : il s’agit de l’œil humain
qui ne voit que ce qui est apparent. 2) L’œil céleste, qui voit aussi
bien le jour, la nuit, de près ou de loin. Avec de la concentration,
l’homme ordinaire peut obtenir cet œil. 3) L’œil de la sagesse : il
s’agit de l’œil des deux véhicules qui, dotés d’une profonde
sagesse, peuvent juger correctement des choses. A ce niveau, ils ont
interrompu les passions. 4) L’œil du Dharma : c’est l’œil de la
sagesse des bodhisattva qui, pour sauver les êtres, peuvent juger des
choses et des phénomènes selon le Dharma. A ce niveau, ils ont interrompu
les égarements nombreux comme les grains de sable. 5) L’œil du Bouddha :
c’est l’œil qui voit à travers les trois phases et les dix directions.
[xxii]
En fonction du cœur des autres (j. zui
ta i): cette expression désigne la méthode de prêche par laquelle le
Bouddha expose ses enseignements provisoires en fonction des capacités de
ses auditeurs, de manière à les amener à l’enseignement définitif. Zui
ta i désigne aussi les enseignements ainsi exposés. Cette expression
est utilisée en opposition à zui ji
i, qui signifie en fonction de son propre cœur, qui désigne
l’enseignement par lequel le Bouddha expose directement son véritable éveil.
Ici, Nichiren Daishônin utilise “zui
ta i” dans un sens plus général, pour désigner “ce que les autres
veulent entendre”.
[xxiii]
Le Sens mystérieux du Lotus.
[xxiv]
Ce genre d’échange, au cours duquel l’assistance à plusieurs reprises
demande au Bouddha de prêcher le Dharma et essuie son refus, indique que
l’Eveillé est sur le point de révéler son véritable cœur et ne se
retrouve dans aucun autre sutra. Dans le chapitre des « Moyens »
Shariputra exhorte plusieurs fois le Bouddha qui vient de commencer à
ouvrir les trois véhicules pour révéler le véhicule unique. Dans le
chapitre « Durée de la vie », c’est Maitreya qui, par quatre
fois, au nom de l’assistance demande à l’Eveillé de prêcher en lui
assurant que “nous croirons et
recevrons les paroles de l’Eveillé” (nyo tô tô shinge nyorai jô tai
shi go).
[xxv]
Cheng Guan (j. chôkan) (738
–839) : quatrième patriarche de l’école de l’Ornementation
fleurie (kegon shû). Il entra dans les ordres à l’âge de onze ans et étudia
les sutra du Grand véhicule, dont le Sutra du Lotus. En 775, il étudia
l’arrêt et l’examen de Zhiyi sous la direction de Miaolo. Puis il étudia
auprès de nombreux maîtres renommés de l’époque. Par la suite, il
donna des conférences au temple Qingliangsi sur le Sutra de
l’Ornementation fleurie. Ses efforts dans l’écriture et le rétablissement
de l’école lui valurent le titre de “maître du Dharma du temple
Qingliangsi”, puis de “maître national Qingliang”. Cependant, Cheng
Guan affirma que le Sutra de l’Onementation fleurie révèle Une
pensée trois mille par la phrase : “L’esprit
est comme un peintre habile qui dépeint tous les phénomènes”. Pour
lui, “le cœur” désigne
“Une pensée” et “tous les phénomènes”
se rapporte à ”trois mille”. Bien qu’il prétendait avoir compris
la doctrine d’Une pensée trois mille, il déniait la présence de la
nature du Bouddha chez les êtres non sensitifs. Nichiren Daishônin
explique la différence entre le Sutra du Lotus et les sutra antérieurs
quant à la relation entre le cœur et les phénomènes de la manière
suivante, dans le Sac de riz blanc : “L’esprit
des sutra antérieurs est que la clarté du cœur est comparable à la lune,
la pureté du cœur est comparable aux fleurs. Le Sutra du Lotus est différent :
c’est une doctrine dans laquelle la lune est le cœur, les fleurs sont le
cœur”.
[xxvi]
Ce passage fait référence à l’enseignement parfait prêché pour ceux
qui ont la prédisposition (capacité) d’obtenir l’éveil à travers
l’enseignement soudain. “Enseignement soudain” se rapporte aux
enseignements que le Bouddha prêcha directement à partir de son propre éveil
sans avoir préparé ses auditeurs à les entendre. “Enseignement graduel”
se rapporte aux enseignements donnés par le Bouddha pour amener son
auditoire à la capacité d’entendre l’enseignement parfait. Dans cet
extrait de son Traité sur l’exposition du sens de l’Ornementation
fleurie (j. kegon engi shô),
Cheng Guan donne la prévalence au Sutra de l’Ornementation fleurie
parce qu’il fut un enseignement soudain, alors que le Sutra du Lotus
fut prêché après que les auditeurs qui n’avaient pas cette prédisposition
de prime abord, fussent graduellement emmenés à la capacité de
l’entendre.
[xxvii]
Subhakarasimha (c. shan wuwei, j. Zenmui) (637 –
735) : moine indien fondateur de l’école Shingon (Paroles
incantatoires) en Chine. Fils d’un roi de l’est de l’Inde, il succéda
à son père sur le trône, mais, en proie à la haine de son frère aîné,
il abdiqua et entra dans les ordres. Il étudia les trois mystères du yoga
au temple Naranda samgharama et, en 716, se rendit en Chine où il fut
accueilli comme le maître national par l’empereur Xuanzong. Il transmit
les enseignements secrets et se voua à la traduction des sutra constituant
la base du Shingon. Il est, avec Amoghavajra (705 - 774) (c. Bu kong, j. Fukû)
et Vajrabodhi ( 671 - 741) (c. Jin gang zhi, j. Kongôchi), l’un des trois
tripitaka dont parle Nichiren Daishônin dans le traité Prière pour la
pluie des trois tripitaka (j. San
sanzô ki u no koto).
[xxviii]
Amoghavajra (c. bukong, j. fukû) (705 – 774) :
sixième Patriarche de l’école Shingon : il naquit en Inde du nord et se
rendit en Chine en 720 avec son maître Vajrabodhi (c. Jin gang zhi, j. Kongôchi)
qu’il assista dans la traduction de sutra. Après le décès de son maître,
il retourna en Inde à la recherche de manuscrits originaux en sanskrit des
sutra et des traités. Il retourna en Chine en 746. Il fut non seulement le
traducteur de cent dix ouvrages, mais il propagea également les
enseignements ésotériques.
[xxix]
Offrande de l’ouverture des yeux (j. kaigen
kuyô) : cérémonie de consécration de l’image d’un Bouddha
nouvellement réalisée. Par cette cérémonie, les caractéristiques
spirituelles du Bouddha pénètrent l’image qui peut dès lors devenir un
objet de foi.
[xxx]
Uluka (j. kuru) :
fondateur de l’école Vaisheshika, une des six principales écoles
brahmanistes en Inde. Effrayé à l’idée de mourir, il absorba un remède
de longévité qui le transforma en rocher.
[xxxi]
Kapila (j. kapira) :
fondateur de l’école Samkhya, une des six principales écoles
brahmanistes. Lui aussi affolé par la mort, il mangea un certain fruit sucré
pour prolonger sa vie, ce qui le transforma en rocher.
[xxxii]
Esprits affamé (s. preta, j. gaki) : Les preta
sont les esprits de personnes décédées, continuellement tourmentés par
la faim. Le monde des esprits affamés fait partie des dix mondes.
[xxxiii]
Obtention de l’endurance de son vivant (j. shôjin
tokunin) : “de son vivant” (j. shôjin)
désigne le corps physique produit par les parents ;
“l’endurance” (j. nin), c’est la compréhension de la non production et de la non
destruction du monde phénoménal (j. mushô
bônin, s. anutpattika dharma
ksanti).
[xxxiv]
Voir page
[xxxv]
Extrait du chapitre deuxième « les Moyens » du Sutra du
Lotus.
[xxxvi]
Stance prononcée par la fille du roi dragon dans le douzième chapitre du Sutra
du Lotus « Devadatta », juste avant qu’elle réalise la
boddhéité. Les deux premières lignes font référence à la profonde
sagesse de l’Eveillé qui perçoit la vérité de tous les phénomènes.
Les deux lignes suivantes font références aux manifestations physiques des
vertus de l’Eveillé.
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Traduit
du Japonais par Gérard Purec
et
Publié dans la revue Le Bouddhisme de l'Ecole Fuji
ecole-fuji@wanadoo.fr