Ecrits

 

 

 COURS DU SOUVERAIN

DU DHARMA

NIKKEN SHONIN

 


 

Dispensé le 28 août 1992

Dans le Grand Hall de Lecture du Taisekiji

 

A l’occasion du 41ème séminaire d’étude des maîtres enseignants

 

* * * * * *

 

Lorsque j’ai commencé à réfléchir au sujet que j’allais aborder au cours du séminaire d’étude de cette année, je me suis souvenu, qu’il y a trois ans, j’avais parlé de la Doctrine des dix non-dualités[1]. J’avais expliqué la moitié du texte, pensant parler du reste l’année suivante. Or, depuis ce temps, chaque année, sont apparus des gens proposant des doctrines erronées délirantes, de sorte que leur réfutation s’est avérée primordiale. C’est pourquoi, on en est resté au même point. Le 28 novembre de l’année dernière, nous avons excommunié la soka gakkai et, récemment, c’est daisaku ikeda qui a fait l’objet d’une exclusion en tant que croyant. Je pense que le problème soka gakkai demeure dans le cœur de chacun d’entre vous et constitue un élément important de votre passé, de votre présent et du futur. L’attitude à observer envers ce problème, en tant que moines de la nichiren shoshu, doit également faire partie de vos préoccupations. C’est pourquoi, cette année encore, j’ai pensé qu’il était préférable d’aborder un sujet ayant trait à ce contexte.

Demain, nagaei gishin vous entretiendra d’une étude qu’il a faite sur l’histoire de la soka gakkai. Aussi, je pense que divers points constitueront sans doute des redites, mais comme les conceptions et les opinions peuvent différer, je vais vous entretenir, selon ma vision des choses, de quelques points auxquels il nous faut prêter attention.

Tout à l’heure, lors des salutations, l’expression “transmission sanguine” a été citée à plusieurs reprises. C’est donc de la transmission sanguine dont j’aimerais vous parler, dans la limite de ce qui m’est permis.

En particulier, je ne sais pas qui a fabriqué ce texte relatif à l’histoire de la nichiren shoshu et à la conduite des Grands Patriarches successifs, mais déjà, la soka gakkai avait, en secret, préparé des questions au sujet de ce qu’il était advenu de la transmission sanguine.

Je pense que vous devez avoir devant vous une feuille où ne sont reproduites que les questions soulevées par le texte. C’est à ces questions que je vais répondre, afin que vous puissiez en avoir une comprehension correcte.

Récemment, un dément se disant faire partie de shoshin kai a écrit un livre grotesque dont, je suppose, un exemplaire a dû vous parvenir. Je l’ai feuilleté rapidement, bien que le trouvant insignifiant, et effectivement, il y est écrit des stupidités complètement extravagantes. Il traite de la phrase suivante des Articles de succession de Nikko[2] :

“En ce qui concerne les temples du Japon ainsi que ceux de Janbudvipa, la moitié devra être administrée par mon héritier Nichimoku. L’autre moitié sera possédée par les autres fidèles”.

Il commente cette phrase de diverses manières pour, finalement, conclure que la transmission sanguine s’est arrêtée à nichimoku shonin et que, par la suite, elle s’est diffusée à travers tous les fidèles. Par conséquent, il soutient qu’après nichimoku shonin, il n’y aurait plus jamais eu de transmission sanguine particulière. Cela est véritablement stupide, complètement hors de question.

Même si l’on considère les conditions de l’époque, les orientations des maîtres successifs et même les réalités historiques, une telle chose est absolument impossible. Si la transmission sanguine s’était interrompue après nichimoku shonin, il n’était, dès lors, plus nécessaire d’en débattre ultérieurement. Or, au contraire, il en a été question en permanence par la suite. Car en fait, la transmission sanguine représente le principe fondamental de notre école et son importance a été développée tout au long de l’histoire.

Les personnes qui émettent des conceptions sans tenir compte de la foi, ne manquent jamais de prendre isolément un fait historique pour le trouver illégitime. On peut dire clairement qu’une telle manière de procéder, en elle-même, montre, au contraire, que la transmission sanguine peut prendre différentes formes, parce qu’elle existe et parce qu'elle doit être accomplie.

En tout cas, ce que peuvent alléguer de telles personnes dénuées de raison, ne sont, bien entendu, que billevesées. D’autres, oubliant que la transmission sanguine est une chose qui est en deça de leur propre foi, en pensent des inepties.

Passons. A l’époque où j'étais au département de recherche de l’Ecole Fuji, j’ai lu le Traité sur la distinction entre l’illusion et l’observation de l’esprit[3]. Le sixième chapitre s’intitule “De la transmission dans notre école”. Il constitue la réfutation par nichio shonin des théories du temple yoboji, alléguant que le Traité en cent six points[4] et le Traité sur la cause originelle inconcevable[5], représentent la passation du maître au disciple et la transmission sanguine à la personne unique. Dans ce chapitre, on peut lire :

“Ainsi, dans la transmission sanguine aux personnes uniques successives, on distingue également la passation particulière et la passation générale. La passation particulière concerne le corps du Dharma. La passation générale concerne la doctrine. De sorte que le maître susceptible de recevoir la passation particulière du corps du Dharma est le grand guide, véritable récipiandaire de la transmission sanguine à la personne unique. Alors que ce sont tous les disciples et bienfaiteurs du Daishonin et de Nikko Shonin qui reçoivent la passation générale de la doctrine”.

Il précise ensuite que, parmi ceux ayant reçu la passation générale de la doctrine, s’il en est qui ne parviennent pas à croire ni à comprendre la passation particulière, ceux là tombent dans les vues erronées.

“Finalement, ils s’égarent quant à l’objet de la croyance que constitue le corps du Dharma et forgent des doctrines personnelles, se détournant ainsi de la doctrine correcte du Daishonin et de Nikko Shonin. Par exemple, nombreux étaient les disciples du Daishonin de son vivant. Cependant, seul le fondateur de notre temple, Nikko Shonin, a reçu la passation particulière du corps du Dharma. Les autres ne reçurent que la transmission générale de la doctrine. C’est pourquoi, après l’extinction de Daishonin, tous forgèrent leur propre doctrine, élevant des statues du Bouddha pour en faire leur Gohonzon. Il en va de même à présent pour le Yoboji. Ce dernier a reçu la passation générale de la doctrine, mais n’a pas reçu la transmission particulière du corps du Dharma”.

Plus loin il dit encore :

“Par l’héritage de la transmission sanguine à la personne unique du corps du Dharma depuis le Daishonin et Nikko Shonin, jusqu’au cinquantième et quelque successeur, le Taisekiji a assis l’objet de la foi qu’est le corps du Dharma, sans qu’aucun des héritiers ne propose la moindre contradiction”.

Je pense que vous adhérez complètement à cette proposition qui est celle des maîtres successifs et que vous en avez la foi et la compréhension.

Il poursuit :

“Le corps du Dharma, objet de la passation particulière, est le Grand Gohonzon de l’Estrade des préceptes de la doctrine essentielle, gardé précieusement dans notre temple”.

C’est fondé sur ce postulat qu’il ajoute :

“Outre la réception du corps du Dharma, il existe une transmission des paroles d’or à la personne unique. Celui qui n’a pas reçu la transmission des paroles d’or au successeur direct, personne unique, ne peut en aucun cas retranscrire le Gohonzon”.

Il conclut :

“Le Traité sur la cause originelle inconcevable et le Traité en cent six points concernent la passation générale de la doctrine. Enumérant les arguments de la raison et les attestations scripturaires, je dois éveiller Nisshu et les siens de leur illusion”.

Ce texte constitue donc la réfutation, à l’aide des arguments de la raison et des attestations scripturaires, de la doctrine erronée selon laquelle le Traité sur la cause originelle inconcevable et le Traité en cent six points représentent la totalité de la transmission.

Autrement dit, selon les insertions[6] que comportent ces deux traités, il est clair que ces textes ne sont pas adressés par nikko shonin uniquement à nichimoku shonin, mais qu’ils doivent également être soumis à la lecture des autres disciples émérites. Je pense que vous devez le savoir. Par conséquent, on ne peut pas dire que le contenu du Traité sur la cause originelle inconcevable et du Traité en cent six points représente directement la transmission à la personne unique.

Le texte de nichio shonin fait état de la “transmission des paroles d’or au successeur direct”. Il ne lui était pas nécessaire de fournir aimablement toutes explications utiles sur cet important principe à une mouche du coche tel que nisshu. C’est pourquoi, il se contente de dire que le corps du Dharma est le Grand Gohonzon de l’Estrade des préceptes de la doctrine essentielle et qu’il existe une transmission sanguine des paroles d’or au successeur direct, en même temps que la transmission de ce Gohonzon.

En fait, cette transmission des paroles d’or au successeur direct couvre la totalité de la transmission. Les deux lettres de transmission de minobu et de ikegami sont inscrites sur des feuilles d’or. Et, en même temps que s’écoule le temps, le contenu des paroles d’or s’est transcrit sur les feuilles d’or.

En parlant des feuilles d’or, il y a quelques années, un jeune homme se disant faire partie de shoshin kai affirmait “La passation des paroles d’or de Tendai et la passation au présent maître sont équivalentes à la transmission de Ikegami et à celle de Minobu”, ce qui est réellement n’importe quoi. Mais comme l’a montré nichio shonin, lorsqu’on parle de la passation des paroles d’or au successeur direct, il s’agit, dans notre école, des “feuilles d’or” et non pas du “présent maître”[7]. Les paroles d’or représentent la réception directe de la transmission faite par le Bouddha lui-même et revêtent un sens profond.

La transmission au présent maître, dont il est question chez Tendai, est donc totalement différente, que ce soit au niveau des idéogrammes, ou en ce qui concerne la signification. Prétendre qu’elle est équivalente à la transmission de minobu ou à celle d’ikegami, ne représente rien d’autre qu’une vue erronée. J’en ai déjà parlé il y a dix ans, lors du séminaire des professeurs et certains s’en souviennent peut-être.

En tout cas, ce qu’a désigné nichio shonin dans son Traité sur la distinction entre l’illusion et l’observation de l’esprit, en parlant des paroles d’or au successeur direct, renferme le sens des feuilles d’or. En fait, dans le contenu des paroles d’or, qui représente le cœur profond du Bouddha, existent les feuilles d’or sous forme de phrases.

Normalement, je ne devrais pas en parler. Mais comme cela constitue aujourd’hui un point essentiel, je vais aborder uniquement la question des feuilles d’or.

Pour parler d’une manière simple, les feuilles d’or se rapportent à des documents. Cependant, ces documents ne sont pas constitués du Traité sur la cause originelle inconcevable, et du Traité en cent six points. En fait, ce sont des documents composés des paroles d’or. Aussi, tout est contenu dans les paroles d’or.

nichio shonin ayant parlé de “la passation des paroles d’or au successeur direct”, certains, basés sur leur vue personnelle, pensent que cela doit obligatoirement revêtir la forme, concevable par tout un chacun, où celui qui effectue la transmission fait face à celui qui la reçoit. C’est-à-dire le Bouddha, ou bien le maître, parle directement à la personne suivante qui, à son tour, parlera directement à son successeur.

Il est certain que cela représente le fondement. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que la transmission d’un récipient à un autre doit obligatoirement prendre cette forme. Il y en a pourtant certains qui, forts de leur opinion personnelle arbitraire, estiment qu’il ne peut en être autrement, sous peine de voir les paroles d’or perdre leur fondement. En réalité, à vouloir conjecturer sur la transmission à la personne unique en étant basé sur l’inexpérience de ses propres vues erronées, cela entraîne divers doutes et questions.

Bien sûr, la transmission de nichiren daishonin à nikko shonin est constituée des paroles d’or. Mais même nikko shonin inscrivit les cours de nichiren daishonin qu’il laissa sous le titre de Transmission orale de la doctrine. Egalement, le contenu des paroles d’or transmises à la personne unique nikko shonin, furent reçues sur le fondement de son propre état de vie. C’est cela qui représente les feuilles d’or. Celles-ci, en elles-mêmes, renferment la signification des paroles d’or.

Par exemple, au sujet de la controverse fallacieuse selon laquelle nichimoku shonin aurait effectué la transmission à nichigo[8], dans son Traité sur l’école[9], nissei shonin[10] écrit, au chapitre de la “Transmission au maître Nichido”, dans lequel il éclaircit le fait que nichimoku shonin a bel et bien transmis le Dharma à nichido shonin :

“Si l’on discours de cela en particulier, il y a là douze points de doctrine”.

Il s’agit là, précisément, des feuilles d’or. C’est-à-dire que la transmission ne se fit pas uniquement d’une manière directe et orale. En fait, bien que l’on dise “paroles d’or”, le contenu de cette transmission existe aussi en tant que feuilles d’or. J’aimerais que vous saisissiez simplement cette donnée de base.

D’autre part, en révélant l’éternité du Bouddha originel depuis le passé atemporel de cinq cent grains de poussières, shakyamuni révéla l’éternité dans le futur. De même, dans cette transmission sanguine, j’aimerais que vous compreniez que la transmission des paroles d’or du Bouddha originel nichiren daishonin s’effectuera telle quelle, selon sa volonté, au cours de l’éternité future.

Si l’on considère que la volonté du Bouddha traverse les trois phases, il en va de même pour la transmission. La volonté de celui qui transmet et celle de celui qui reçoit la transmission, peuvent se montrer sous diverses formes, selon les conditions et les situations de chaque époque. Cependant, l’aspect que revêt la transmission n’est pas quelque chose sur laquelle ont peut former des conjectures avec les yeux et la sagesse du vulgaire. Car ce sont la sagesse et la bienveillance du Bouddha qui se transmettent éternellement.

Autrefois, il existait une manière de procéder selon laquelle le prêtre supérieur pouvait être un enfant. C’est le thème de la première question ci-après :

(1) Le 9ème Grand Patriarche nichiu à dix huit ans, le 12ème, nitchin à quatorze ans, le 13ème, nichiin à dix ans et le 14ème, nisshu à dix neuf ans, ont tous reçu la transmission alors qu’ils étaient très jeunes.

Voila le problème tel qu’il est posé ; d’autant plus qu’à dix ans, on ne comprend pas grand chose.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, ce genre de question est posée par ceux qui pensent de manière étriquée. D'après ceux-ci, la transmission des paroles d’or se fait face à face et celui qui la reçoit directement obtient la foi et la compréhension sur le champ et, si ce n’est pas le cas, il n’y a pas transmission. Fondamentalement, les personnes non concernées n’ont pas à entendre d’explications au sujet de la transmission. Celles qui pensent que cette question est parfaitement justifiée sont dans l’erreur. J’aimerais qu’elles considèrent que la transmission répond à la volonté du Bouddha s’étendant à l’avenir éternel.

De plus, si l’on considère l’arrière plan de l’époque, c’était effectivement une période où l’on désignait un successeur alors qu’il était enfant. Il y a toujours eu des moines âgés, ou bien des moines doués d’un grand discernement. Or, il y eut une époque où, dans la nichiren shoshu, on choisissait exprès un enfant pour être le Grand Prêtre suivant.

Cette manière de penser est celle de la nichiren shoshu toute entière. De ce fait, une fois qu’un Grand Patriarche annonce à l’enfant “C’est toi qui sera le prochain souverain du Dharma”, ce dernier, au cours de son développement, en même temps que l’étude de la doctrine, lit les feuilles d’or en étant fondé sur les paroles d’or du maître précédent et sur la conscience d’être le souverain du Dharma suivant. Dans ce cas, les paroles d’or remplacent les feuilles d’or pour le contenu de la transmission. De plus, il écoute les paroles des moines aînés connaissant tous les détails sur le Dharma. Cette manière d’effectuer la transmission, incluant des assistants, existe également.

D’autre part, les feuilles d’or, fondées sur les paroles d’or, existent effectivement. Dans le contenu de ces feuilles d’or, il y a le sens de la transmission comprise dans les paroles d’or. C’est pourquoi, il était possible d’avoir un Prêtre supérieur enfant. Cette forme de transmission avait été pensée par la congrégation des moines de la nichiren shoshu, en regard de la situation de l’époque.

Ainsi, le fait que des personnes qui ne sont même pas moines et qui, de plus, sont incapables de voir les choses avec la foi, comme dans la soka gakkai, considèrent qu’à dix ans il est impossible de recevoir la transmission sanguine à la personne unique, en ignorant complètement les arrières plans historiques, la situation et les habitudes de l’époque, constitue une offense au Dharma. Je souhaite que vous ayez foi et compréhension sur ce point. La transmission sanguine s’est immanquablement effectuée.

Ensuite, et cela est compris dans la même question, il y a le point relatif au fait de recevoir la transmission en dépôt. Cela concerne la réalité historique selon laquelle le moine rikyobo nichigi fut le dépositaire de la transmission. Ce qui fait supposer à certains que la passation des paroles d’or au successeur direct n’ayant pas eu lieu, la transmission sanguine fut interrompue. Ceci se rapporte à la question “la transmission doit-elle nécessairement se faire au moyen d’une cérémonie”?

D’autant plus que le Grand Patriarche nichiko shonin[11] utilisa une expression objective susceptible de faire naître un malentendu. Celui-ci étant un savant, il évitait de faire des exposés fondés sur une conviction subjective. De sorte qu’il n’était pas rare qu’il émette ses opinions après avoir réfléchi d’une manière très objective sur les textes. C’est pourquoi ses commentaires ne sont pas toujours évidents. Bien entendu, il avait reçu la transmission, mais son attitude envers les textes était celle d’un savant. Il n’exprimait un avis qu’en jugeant uniquement les textes et documents rendus publics.

J’y reviendrai plus loin, mais tel fut le cas pour la thèse de l’édification de statues de Bouddha par nissei shonin. Ceci est un sujet que l’un des membres du groupe d’étude de la conférence de crise a particulièrement étudié. Jusqu’à présent, concernant la relation entre nissei shonin et keidai in[12], c’est la thèse de nichiko shonin que nous avions retenue. Selon cette dernière, nissei shonin avait érigé des statues de Bouddha et keidai in s’y était opposée, protégeant ainsi la doctrine correcte de notre école.

Or, si l’on considère le fait que c’est l’année suivant sa construction qu’une statue de Bouddha fut installée dans le hoshoji, on s’aperçoit alors, en réalité, que c’est le contraire. C’est-à-dire que keidai in avait offert ce bâtiment pour en faire le temple de sa mère défunte. Sculpter une statue de Bouddha demande de nombreux jours de travail et ne peut être fait si simplement. La statue fut achevée l’année suivante, sans que keidai in n’ait le consentement de l’installer dans le temple. En outre, ce n’est que dix années plus tard que nissei shonin reçut la transmission.

Par conséquent, bien que nissei shonin fut originaire du temple yoboji,  il prit clairement position contre l’habitude de construire des statues de Bouddha, après qu’il eut reçu la transmission, en étant fondé sur la doctrine de notre école. Ainsi, bien que la soka gakkai affirme que nissei shonin ait commis l’offense au Dharma de construire des statues de Bouddha après qu’il ait reçu la transmission, il n’en est absolument rien.

Concernant les problèmes qui ne trouvent pas de réponse claire dans les textes ou les documents, si on les considère du point de vue du temps ou de leur contenu, et par dessus tout, du point de vue de la pratique correcte de notre école, on finit par trouver l’explication correcte.

Je reviens en arrière pour parler encore de nichiko shonin. Celui-ci a évité de se prononcer sur le problème de l’autorité en matière de transmission. A savoir, est-ce la personne qui a reçu la transmission qui détient l’autorité, ou bien est-ce la cérémonie qui fait autorité? Si c’est la cérémonie qui fait autorité, dans le cas où il n’y aurait pas de cérémonie, il a émis l’hypothèse que le Dharma arrête de s’écouler. Mais s’il ne s’était pas situé du point de vue d’un savant objectif, mais du point de vue subjectif de la foi, il aurait dit plus clairement que, dans la doctrine véritable, la transmission s’effectue. S’il ne l’a pas affirmé, c’est qu’il s’est toujours placé dans la position de savant, de chercheur, ayant une approche objective des textes et des documents.

Après avoir émis cet avis, il écrivit :

“Ceci constitue la réflexion abstraite d’une personne neutre en la matière. Elle ne peut représenter un critère de jugement de l’autorité ecclésiastique de notre école”.

Comme il le note lui-même, il ne parlait donc pas en tant que personne ayant reçu la transmission, mais en tant que personne extérieure ne pouvant pas comprendre cette importante chose qu’est la transmission. Nous devons prêter attention au fait que nombreuses sont les thèses ou les paroles de nichiko shonin où il se situe dans une optique de savant ou de tierce personne.

Ceci dit, si l’on considère cette question du point de vue de la foi, il est néanmoins nécessaire de fonder ses affirmations sur la logique bouddhique.

Dès lors, il apparaît que, fondamentalement, la cérémonie doit avoir lieu. Toutefois, il est utopique de penser que, du fait que la transmission entre untel shonin et untel shonin s’est bien effectuée lors d’une cérémonie, cela constitue le critère et que, par le passé, la transmission devait absolument se faire de la même manière et qu’il en sera de même dans le futur. Cela en se basant sur quelque chose qui ne représente qu’une petite partie de l’histoire de la nichiren shoshu. C’est ne pas saisir l’essence de la transmission.

Par exemple, il n’y a pas d’archive citant le moment où se serait effectuée la cérémonie de transmission entre nichimoku shonin[13] et nichido shonin[14]. Il n’existe pas de document écrit ; cependant, avant de partir voir l’empereur[15], nichimoku shonin effectua bien la transmission. Ceci est relaté dans les écrits des maîtres ultérieurs et va de soi, du point de vue de la foi. C’est pourquoi, nittatsu shonin[16] disait qu’il n’est pas absolument nécessaire que la transmission se fasse au cours d’une cérémonie.

Autrement dit, il y a des cas où la transmission s’effectue ordinairement en une ou en plusieurs fois. Il y a des cas, également, où lorsque celui qui recevra la transmission a été choisi, celui-ci est appelé en particulier lors d’un pèlerinage et il lui est dit “Prenez soin de considérer ce point de telle manière ; il faut comprendre cette doctrine de telle façon”.

Cette procédure s’applique pour une personne à laquelle on pense effectuer la transmission et qui n’est pas encore très avancée dans l’étude. Il faut alors lui enseigner ce qu’elle ne connaît pas encore et cela peut prendre très longtemps. Par exemple, si elle ne comprenait pas l’enseignement, les prédispositions, le temps, le pays et l’ordre de la propagation, qui sont des choses très élémentaires de l’étude, il faudrait le lui enseigner. Toutefois, dans la plupart des cas, la personne qui va recevoir la transmission a déjà approfondi les bases de l’étude. Dès lors, il suffit de lui indiquer les principaux points relatifs aux problèmes importants.

Même dans cette occurrence, les conditions propres à la nichiren shoshu, le contexte historique, les circonstances et autres préoccupations devant être pris en considération, la transmission peut prendre ou non la forme d’une cérémonie. C’est pourquoi, prendre comme critère une cérémonie et juger que, sans elle, la transmission n’a aucune autorité, représente une erreur.

Je pense que nichiko shonin s’exprimait en tant que savant, avec fidélité envers les textes et les documents, rejetant le subjectif. Cependant, du point de vue de la doctrine de notre école, ainsi que pour la foi et la compréhension des générations futures, il aurait été souhaitable qu’il donna un peu plus d’orientations au sujet de la signification de la transmission.

Pour ma part, je suis convaincu que les maîtres précédents, nichijun shonin[17] et nittatsu shonin se réjouissent sur le mont sacré et disent “nikken parle correctement de la transmission”.

La signification des feuilles d’or est distincte de la transmission des écrits, autrement dit de la transmission de la doctrine. La transmission des feuilles d’or inclue originellement la transmission des paroles d’or et, en même temps, les points essentiels relatifs à la transmission. Ceux-ci apparaissent sous la forme de feuilles d’or, d’une manière naturelle, au moment venu.

Quoi qu’il en soit, la transmission des feuilles d’or représentant le contenu de la transmission, je ne peux vous en dire d’avantage.

Dans un sens, comme le disait nichiko shonin, “Il faut lire entre les lignes”. Ce que je puis dire est que, si on s’investit complètement pour lire entre les lignes du Gosho, tout est indiqué.

A partir de cela, bien que vous ne puissiez avoir accès directement au contenu de la transmission sanguine à la personne unique, c’est dans votre progression dans la foi, la pratique et l’étude, fondées sur l’enseignement des maîtres précédents successifs, que vous pourrez obtenir vous-mêmes la compréhension et la conviction dans le corps du Dharma de la transmission sanguine, ainsi que dans les paroles d’or et les feuilles d’or et voir qu’il n’y a pas la moindre antinomie.

Comme cela est dit dans le Traité sur la distinction entre l’illusion et l’observation de l’esprit, au chapitre “De la transmission dans notre école” cité précédemment, en même temps que la transmission des paroles d’or, il y a la transmission du corps du Dharma à la personne unique. Je souhaite que vous ayiez la foi et la compréhension en ce point précis.

Ensuite, un autre mystificateur sévit. Il s’agit de daisaku ikeda. Lui aussi dit des choses insensées sur la transmission sanguine, en particulier au sujet du Traité sur la relation sanguine essentielle à travers vie et mort[18]. Ce Gosho comportant l’expression “relation sanguine”, il cite les phrases qui l’arrangent, les utilisant à sa guise pour affirmer “cette relation sanguine est la véritable transmission sanguine”, et, de là, il développe jusqu’à établir une “relation directe avec nichiren daishonin”. Je suppose que vous l’avez souvent entendu.

Ce sont là les propos d’un personnage atteint d’un grand délire. Déjà, à l’époque de nittatsu shonin, il semble qu’il avait des vélléités d’en savoir plus qu’il n’est nécessaire sur la transmission et qu’il effectuait toutes sortes de tentatives pour atteindre cette fin. Il est même arrivé qu’il fasse tâter le terrain auprès de moi par des tierces personnes, celles-ci me disant “J’ai entendu nittatsu shonin dire telle chose”. S’il était venu directement me demander des renseignements à ce sujet, je lui aurais volontiers répondu, dans la limite de ce qu’il m’est permis de dire. Mais comme il ne m’a jamais rien demandé lui-même, je n’ai jamais rien répondu.

Il fit tâter le terrain auprès de nittatsu shonin, afin de l’amener à révéler ce qu’il voulait entendre. Mais bien entendu, nittatsu shonin n’avait aucune raison de parler, à des croyants laïcs, de la transmission des feuilles d’or et des paroles d’or au successeur et bien entendu, il ne put rien savoir de plus.

En fait, comme daisaku ikeda ne peut pas obtenir ce qu’il désire à ce sujet, il doit être mécontent. De sorte qu’au fil du temps il en a conçu de la jalousie. Il paraît qu’il dit de moi que je suis jaloux. Mais en réalité, c’est lui qui est la jalousie personnifiée. De là est apparue la colère, puis l’impatience et enfin la vue erronée du soi. Finalement, il a pensé «comme dans le Gosho également il y a l’expression “transmission sanguine”, on va l’utiliser pour dire qu’on a un lien direct avec nichiren daishonin». Il ne faut pas jeter la confusion quant à la signification de la transmission sanguine. C’est pourquoi, quand cet homme là écrit dans le daibyaku renge de juin 1977 “En ce qui concerne la transmission sanguine, on a tendance à penser que, comme on peut le voir dans les religions établies, elle s’opère de manière mystique, de grand prêtre à grand prêtre, lors d’une cérémonie profonde”, il ne parle pas des religions établies en général, mais il est clair qu’il s’agit de la nichiren shoshu.

Il ajoute : “Cependant, la signification originelle du bouddhisme de Nichiren Daishonin n’est pas de cet ordre. Il est dit que c’est dans la foi solennelle de notre cœur qu’elle réside. Comment la relation sanguine essentielle à travers vie et mort, présente dans la vie de Nichiren Daishonin, peut-elle nous être transmise? Daishonin lui-même n’est plus parmi nous. Cependant, il nous a laissé le Gohonzon qui est l’entité de l’unité de la personne et de la loi. C’est par ce Gohonzon que l’on peut recevoir la relation sanguine essentielle à travers vie et mort... Seulement, c’est par la récitation de Daimoku que la vie du Dai Gohonzon peut se transférer dans nos propres vies”.

Cependant, dans l’éveil sans changer d’apparence, le fait de respecter également d’une manière indéfectible le Gohonzon, provient d’abord de la transmission sanguine du corps du Dharma fondamental. Donc, si on analyse d’une manière doctrinale les propos de cet individu, on constate que ce ne sont que des demi mesures. Il parle de “relation directe avec le Gohonzon”, or ce dernier est la retranscription faite par les maîtres successifs et contient le courant de la transmission sanguine du corps du Dharma légué par les maîtres successifs. Et ce n’est qu’à cette condition que les œuvres et vertus peuvent apparaître.

Poursuivant son idée, il propose toujours l’opinion selon laquelle “la soka gakkai, possède le bouddhisme de l’influence directe de maître à disciple avec nichiren daishonin. Il y a là relation sanguine avec le maître”. Il dit encore “même si on reçoit et garde le Gohonzon, si on coupe la relation sanguine avec la soka gakkai qui représente l’harmonie de la communauté et la relation sanguine avec le maître, il n’y a plus de bienfait”. En d’autres termes, selon lui, même en recevant et en gardant le Gohonzon correct et en pratiquant les austérités de la foi, ceux qui quittent la soka gakkai n’ont plus la transmission sanguine et donc plus de bienfaits. Quelle horreur! De telles allégations proviennent de la confiance en soi excessive et de l’orgueil extraordinaire de ce daisaku ikeda.

Il dit encore “la soka gakkai est le courant principal qui a hérité de nichiren daishonin la transmission sanguine de la foi”. Il propose une transmission sanguine de la foi ne tenant pas compte de la transmission sanguine du corps du Dharma. Bien sûr, sa compréhension du Gosho est erronée et il se perd dans les détails.

Il poursuit : "La transmission sanguine de maître à disciple s’est effectuée de makiguchi Sensei à toda Sensei, puis au président ikeda. C’est dans cette transmission sanguine que vit le bouddhisme de nichiren daishonin”, faisant subir un lavage de cerveau aux membres. C’est ainsi qu’ikeda et les principaux leaders, profitant de chaque occasion pour dire de telles choses, ont infligé un lavage de cerveau aux membres qui n’ont que l’organisation dénommée soka gakkai comme source d’information sur la pratique. C’est pourquoi, aujourd’hui, on voit autant de gens captifs de l'idée selon laquelle “il n’y a que la soka gakkai, la soka gakkai est absolue, ikeda Sensei est le seul et unique” et qui ne peuvent s’en libérer.

De plus, cela ne date pas du temps où j’ai hérité de cette charge. En réalité, cela dure depuis l’époque de nittatsu shonin, c’est-à-dire depuis la fameuse ligne de 1977. C’est pourquoi, nittatsu shonin, lui aussi inquiet, dit cette parole sévère et sans ambiguïté :

“Même si une chose se propage dans le monde entier, si elle ne ressortit pas à la doctrine de la Nichiren Shoshu, cela ne peut être appelé Kosen Rufu”.

Nous ne devons, en aucun cas, oublier cette parole. Moi-même, c’est dans ce sens que je parle.

En fin de compte, l’erreur de la soka gakkai est d’avoir oublié la source de l’eau du Dharma de la transmission sanguine dans la nichiren shoshu. Il en résulte la pensée selon laquelle “Si on ne passe pas par la transmission sanguine avec ikeda Sensei, et qu’on n’établit pas le lien direct, ni ne ressent son influence, on ne peut pas devenir le Bouddha”. La soka gakkai aime et utilise l’expression “lien direct”. En arrière plan de ce phénomène, il y a le fait que, si l’on songe à la transmission correcte du bouddhisme, on ne peut pas faire autrement que d’y intercaler les Grands Patriarches successifs ; et çà, c’est fâcheux. Par conséquent, afin de tout centraliser sur la soka gakkai, il faut parler de “lien direct”. On arrive ainsi à avoir le “lien direct avec le Gosho”, le “lien direct avec le Gohonzon”, le “lien direct avec nichiren daishonin” ; il y a un “lien direct” avec tout et n’importe quoi. C’est vraiment une spéculation hérétique.

Telle est la théorie de la transmission sanguine proposée par la soka gakkai. Aussi, afin de réfuter cette dernière, convient-il de mettre en pièces cette farce de théorie.

Il y a, ensuite, ces autres questions sur la transmission sanguine dans notre école, questions qui proviennent d’une manière de penser superficielle.

(2) nichiko shonin dit, qu’entre le 8ème Grand Patriarche nichiei et le 9ème nichiu, “un intermédiaire reçut la transmission”. Qu’est-ce que cela signifie?

Là également, il faut considérer l’arrière plan historique. Je pense qu’il s’agissait d’une manière de procéder se rapportant à la transmission à un prêtre supérieur enfant que j’ai évoquée tout à l’heure.

Au sujet de nichiu shonin, le Traité sur l’école établit :

“Il était le disciple de Nichiei. Il prit la robe alors qu’il était enfant, fut instruit par le maître et étudia le Lotus. Il écouta aussi le Gosho”.

Comme ce passage l’indique, la transmission fut effectuée entre l’initiateur et l’initié dans la conscience de transmettre le Dharma à un enfant. Cependant, nichiko shonin suppose qu’il est possible que dans la forme, comme il est dit dans le Traité sur l’école, les feuilles d’or furent confiées en dépôt pour un temps à joren. Il est possible également que les circonstances réclamaient qu’on intercale quelqu’un.

En fait, selon le temps et l’époque, le sens originel de l’eau du Dharma, des paroles d’or ou encore des feuilles d’or a toujours été examiné avec sérieux, afin qu’elles fussent transmises correctement à la personne suivante. Et c’est ainsi qu’elles ont été transmises jusqu’à aujourd’hui.

C’est pourquoi, que quelqu’un ne connaissant pas l’arrière plan historique ou la condition de la nichiren shoshu de l’époque se demande si la transmission n’a pas été interrompue à tel moment, représente une parfaite erreur. D’autre part, si l’on considère la question sous l’angle de la volonté du Bouddha traversant les trois phases, on comprend qu’une telle chose est absolument impossible.

(3) Alors que nichiu shonin était absent, le taisekiji fut vendu. Il fut racheté par la suite, mais dans l’intevalle, ne devint-il pas un temple de l’offense au Dharma?

Ceci n’est qu’une polémique pour la polémique. D’abord, cela n’a rien à voir avec le problème de la transmission sanguine. Cela se serait passé à l'époque où nichiu shonin voyageait dans tout le pays afin d’y enseigner le Dharma. Aujourd’hui, on ne peut connaître l’arrière plan historique ; mais, il est vrai, nichiin shonin a écrit qu’une telle situation s’est temporairement produite. Toutefois, demander si le taisekiji n’est pas devenu un temple de l’offense au Dharma, est une façon odieuse de chercher querelle pour jeter à tout prix l’opprobre sur le taisekiji.

Dans tous les cas, les documents sont insuffisants et ne nous permettent pas de saisir pleinement les circonstances. Cependant, lorsque nichiu shonin revint, il put prendre immédiatement les mesures nécessaires, ce qui me laisse à penser que, même si le taisekiji avait fait l’objet d’une vente, l’acquéreur n’était pas une personne totalement étrangère.

(4) Pour quelle raison y eut-il neuf Grand Patriarches, à partir du 15ème nissho shonin, originaires du temple yoboji? N’y avait-il pas d’hommes de valeur au taisekiji?

La encore, on cherche querelle pour calomnier à tout prix le Temple Principal. Juger de ce point en considérant la situation actuelle entre le taisekiji et le yoboji constitue une grave erreur. A l’époque, contrairement à ce qui ce passe aujourd’hui, il y avait une conscience unique, regroupant tout le courant de nikko shonin, dont faisait partie celui de nichizon[19] qui était florissant et prospère à kyoto.

En ce qui concerne l’irrigation correcte par le courant du Dharma, on peut ressentir, dans les écrits de nichido shonin sur le fondateur du yoboji, nichizon, qu’il considérait celui-ci comme son propre disciple. En outre, pour ce qui est de la retranscription du Gohonzon, maître nichizon le disait lui même, “personne, hormis le disciple récipiandaire, ne peut l’écrire”. Aussi, tout au long de sa vie, ne retranscrit-il jamais un seul Gohonzon.

Ceci parce que maître nichizon respectait nichido shonin comme celui qui avait reçu la transmission et qu’il considérait le taisekiji comme son temple principal. Je l’ai déjà écrit dans les Doctrines essentielles de la Nichiren Shoshu[20] et ceci est clair si on se réfère aux diverses conditions de l’époque.

De sorte qu’à cette époque où les années ne s’étaient pas encore écoulées, il n’y avait absolument aucune raison de dissocier du taisekiji, comme c’est le cas aujourd’hui, le fondateur du yoboji, nichizon et son courant.

Le fait qu’à partir de l’époque de nisshu shonin[21], il était devenu courant que le souverain du Dharma soit originaire du yoboji est une réalité. Cette habitude perdura pendant neuf générations de Grands Patriarches, à partir du 15ème, nissho shonin[22]. Cependant, je ne pense pas que cela implique forcément qu’il n’y ait pas eu d’hommes de valeur au taisekiji.

En fait, à l’époque, kyoto était le siège de la monarchie et, sous divers aspects, constituait la ville centrale du japon. Il est donc certain que, d’un point de vue social, comme du point de vue de la propagation, le temple de kyoto était différent des temples de campagne. De plus, à cette époque, l’école du yoboji avait foi dans la lignée correcte du courant de nikko shonin du taisekiji et on peut croire que la conscience traditionnelle du yoboji, depuis maître nichizon, était celle de protéger dans la mesure de ses capacités le taisekiji. Il est alors naturel de penser que, dans ces circonstances, une fois qu’un Grand Patriarche fut choisi dans ce temple, apparaisse, pendant neuf générations, la nécessité et la pertinence des Grands Patriarches originaires du yoboji. Penser qu’à l’époque, il n’y avait pas de personnalité capable d’être Grand Patriarche au taisekiji, sans tenir compte de la situation du yoboji ou de ses relations avec le taisekiji, est une marque d’immaturité dans la manière de concevoir les choses.

(5) Entre le 15ème Grand Patriarche nissho et le 16ème, nichiju, la transmission fut gardée en dépôt par l’administrateur rikyobo nichigi. Qu’est-ce que la ‘transmission sanguine en dépôt”?

Il s’agit là, je pense, d’une manière de procéder inévitable à l’époque. Où que l’on aille, le mode de déplacement était la marche à pied. Aussi, en un tel âge, il pouvait arriver, qu’en cas d’urgence, le temps manque. Autrement dit, bien que l’on ait parlé de la transmission à la personne même, l’époque étant ce qu’elle est, on avait confié, pour un certain temps, la partie constituée des feuilles d’or à l’administrateur, en lui demandant de les transmettre à telle personne.

Toutefois, celà ne représente pas une coupure dans la transmission sanguine. Dans des cas semblables, le successeur a forcément été mis au courant par le prédécesseur des points essentiels de la conduite du Dharma. C’est-à-dire que la totalité des paroles d’or a été transmise d’avance par nissho shonin à nichiju shonin[23]. La transmission écrite, représentée par les feuilles d’or, a été effectuée par l’intermédiaire de l’administrateur rikyobo nichigi.

A un âge où il n’y avait pas de moyens de transports ni de communications, le fait que l’administrateur rikyobo nichigi ait, pour un temps, gardé en dépôt la transmission ne représente aucun motif de doute quant à la continuité de celle-ci.

Certains émettent des doutes. Cependant, ces personnes ne prennent en compte que la prise en charge par rikyobo nichigi d’une partie ou de la totalité des feuilles d’or sous la forme de documents, répondant à la volonté du Grand Patriarche de les transmettre à son successeur. Mais, comme je l’ai déjà dit auparavant, la volonté du Bouddha traverse en permanence les trois phases de la vie. De plus, un Grand Patriarche a toujours la volonté de “transmettre” à son successeur, ce dernier ayant la même volonté de “recevoir” la transmission. Ceci est, en réalité, très important.

(6) ichiko shonin écrit, au sujet du point précédent “Est-ce l’usage et la forme dans la transmission des paroles d’or au successeur qui fait autorité, ou bien est-ce la personne qui fait autorité?” Que faut-il en penser?

Comme j’en ai déjà parlé, nichiko shonin avait sa manière de s’exprimer.

Cependant, sa question constituait en fait une réplique, exprimant le fond de sa pensée qui était : “Cette façon de procéder dans les formes existant, s’il y a des exemples où c’est de la sorte que la transmission s’est opérée, c’est très bien. Mais ce n’est pas pour cela que, si la transmission ne s’est pas effectuée de cette manière, celle-ci s’est interrompue”. Mais s’il s’était exprimé plus clairement en disant : “La transmission s’effectue selon la volonté du Bouddha et ne dépend pas du respect ou du non respect des formes”, les personnes concevant des doutes seraient moins nombreuses.

Ensuite, la question “est-ce la personne qui fait autorité” peut paraître bizarre. Cependant, dans ce que la personne elle-même a reçu en héritage, il y a quelque chose qui apparaît au fond de la vie de cette personne.

Dans le petit véhicule, on trouve l’expression “forme inapparente”. La forme inapparente représente une partie du contenu du Dharma en tant qu’objet de la contemplation, faisant lui-même partie des six objets que sont les formes, les sons, les odeurs, les saveurs, le toucher et le Dharma, contenus dans les dix huit mondes[24], ceux-ci faisant partie des soixante quinze Dharma cités dans le Kosa[25]. Dans la forme inapparente, nous trouvons les formes constituées de la terre, de l’eau, du feu et de l’air qui, dès qu’elles ont reçu un bon ou un mauvais acte manifeste, constitueront le contenu, bon, mauvais ou sans connotation, de notre corps futur. Si l’on considère cela du point de vue de la transmission sanguine dans l’enseignement véritable et le plus élevé du grand véhicule, il est naturel de dire que recevoir la transmission est l’effet résultant d’actes manifestes saints. En fait, dans la transmission entre “nichiren-nikko”, il y a la transmission de Bouddha à Bouddha, au sens véritable. Et si l’on veut en dire d’avantage, nous trouvons là l’esprit profond de l’induction entre l’initiateur et l’initié.

Il est donc absolument impossible de sonder avec les yeux et la sagesse des hommes ordinaires la transmission sanguine des saints respectifs, qui revêt une importante signification, en émettant des doutes parce que le récipiandaire était jeune, ou parce qu’il n’y a pas eu d’entrevue au dernier moment ou parce que la forme n’y était pas.

En mon temps également, il y eu des personnes qui dirent qu’il n’y a pas eu de rituel de transmission sanguine. Je n’ai pas la moindre intention de plaidoyer à ce sujet à présent. Je tiens simplement à vous dire que considérer uniquement d’une manière sommaire la forme et dire “il y a eu çà, il n’y a pas eu çà”, constitue un erreur du point de vue du courant du Dharma dans notre école. Et également, bien qu’on fasse particulièrement grand bruit, et d’une manière erronée, autour de la transmission sanguine, celle-ci, ainsi que les orientations fondées sur la volonté du Bouddha, a été transmises solennellement depuis nichiren daishonin.

(7) Le 17ème Grand Patriarche nissei shonin en désaccord avec keidai-in se retira du taisekiji. C’est selon les intentions de cette dernière que fut désigné son successeur, nisshun shonin. Est-il bon que le siège du Souverain du Dharma soit attribué selon les intensions des bienfaiteurs?

Là également, nous nous trouvons en face d’une question posée en tordant la vérité. Il n’y a pas de raison pour que ce choix se soit effectué selon les dispositions d’un bienfaiteur. Si on lit attentivement, cela se comprend. Le supérieur du temple hoshoji, nichikan[26], était un personnage d’une profonde connaissance de l’étude et qui, ayant un lien avec keidai-in, lui dit “Il n’y a personne d’autre que nisshun shonin[27] qui puisse assurer la succession”. Entendant cela, keidai-in qui était une personne influente et spontanée, se rendit au Temple Principal pour faire valoir cette opinion. Mais ce n’est pas keidai in, une laïque, qui désigna le Souverain du Dharma. D’autre part, bien qu’il y avait des conditions particulières à cette époque, aussi bien nissei shonin que maître nichikan pensaient que le responsable devait demeurer au taisekiji. Aussi, la direction que prenait le choix du nouveau Souverain du Dharma devenait évidente. Cette direction devint, par la suite, une réalité concrète. Si on lit les textes à fond, cela est éminament clair.

(8) Ce n’est qu’après avoir pris la direction du taisekiji que le 19ème Grand Patriarche nisshun shonin tissa le lien de maître à disciple avec nissei shonin et ce n’est que quatre années plus tard qu’il reçut la transmission. N’est-ce pas là un renversement dans l’ordre? D’autre part, peut-on devenir Souverain du Dharma sans avoir reçu la transmission?

Les conditions, de nos jours et à l’époque, sont différentes. Aussi, les manières de procéder le sont-elles également.

Par exemple, si l’on pense uniquement aux conditions économiques de l’époque, il était préférable de se trouver au temple rengyoji de koganei, plutôt qu’au taisekiji. nichiko shonin explique cela d’une manière extrêmement sommaire en disant : “C’est parce que ashikaga takauji accordait un traitement”. En fait, ce n’est pas simplement parce qu’il désirait de l’argent que nissei shonin confia la garde du taisekiji et partit pour le rengyoji. Dans l’optique de la continuité du Dharma, c’est également pour aider à l’administration financière du Temple principal, auquel il faisait parvenir cet argent. De telles circonstances particulières existent au cours de cette histoire longue de sept siècles.

Par conséquent, c’est pour des raisons de propagation et de maintien des finances de l’école que nissei shonin était absent du taisekiji à cette époque. Si l’on considère uniquement l’ordre des choses, il est vrai que nisshun shonin reçut la transmission après avoir été intronisé, ce qui est contraire à l’usage reçu. Toutefois, la transmission fut quand même bel et bien effectuée par nissei shonin à nisshun shonin et il n’est pas normal de relever uniquement l’inversement de l’ordre pour trouver à redire.

De toute façon, je parle de cela, mais, en fait, il nous est impossible, à présent, de connaître les conditions réelles de l’époque. Ce que j’aimerais simplement dire, c’est que toutes les questions citées jusqu’à maintenant sont fondées sur Voir et entendre l’Ecole Fuji de nissei shonin, également appelé Traité sur l’Ecole, d’une part, et l'Appendice au Traité sur l’école de nichiryo shonin[28] d’autre part. Dans son Traité sur l’Ecole, nissei shonin écrit :

“Ensuite, lorsque je regarde les Gosho, les Gohonzon et les écrits des disciples, j'y vois beaucoup de différences selon les courants... Mon souhait est que ceux qui retrouvent les Gosho, les Gohonzon et les écrits disparus, le notent et essayent de les compléter. Tel est mon désir".

Quant à nichiryo shonin, il écrit dans l'Appendice au Traité sur l’école :

"Je crains que les mérites des saints précédents soient perdus. J'en éprouve une telle tristesse que malgré mon manque de compréhension, j'essaierai de dire ce que je vois, en attendant que les sages ultérieurs me corrigent".

Ils relèvent que des erreurs ont été transmises et ils demandent aux générations futures de les corriger. A plus forte raison, si l'on pense que l'original du livre de nichiryo shonin a disparu et qu'on ne possède actuellement qu'une retranscription effectuée un demi siècle plus tard, il est clair que relever ces deux écrits pour les utiliser à des fins de critiques constitue, en fait, un détournement de l'esprit originel de nissei shonin et de nichiryo shonin.

(9) Tout en travaillant à la reconstruction de la nichiren shoshu, le 58ème Grand Patriarche nitshu shonin dut démissionner suite à une décision de la nichiren shoshu. Est-il posible que la nichiren shoshu puisse, de par sa volonté, faire démissionner le souverain du dharma, récipiandaire unique de la transmission sanguine?

Là encore, il faut considérer les conditions de l'époque. Par exemple, admettons que votre opinion collective soit que je démissionne. Actuellement, la soka gakkai fait grand bruit autour du témoignage fallacieux de la dénomée hiroe clow. Vous pouvez penser que, bien que tout ceci ne contienne aucune vérité, un tel phénomène est apparu en raison de mon manque de qualités et que vous décidiez qu'il vaut mieux que je me retire. J'y réfléchirais alors très sérieusement. Si, pour la nichiren shoshu, ainsi que pour le Dharma cela s'avérait nécessaire, il est possible que de ma propre volonté je quitte le siège du lion. Mais, si je juge que cela n'apporterait rien au Dharma, je ne démissionnerais en aucun cas.

C'est ce qui est indiqué dans la phrase suivante :

"Bien qu'elle rencontre l'adhésion de la majorité, si une décision va à l'encontre du Dharma du Bouddha, le prêtre supérieur doit la mettre à bas"[29].

Par contre il est dit également :

“Il ne faut pas utiliser les doctrines personnelles s’opposant au Dharma du Bouddha, même si elles sont proposées par le prêtre supérieur du moment”.

Dans les commentaires qu'il donnait de cette phrase, nittatsu shonin estimait que le sujet en était "le Prêtre supérieur"[30], de sorte qu'on peut la comprendre dans le sens où le Prêtre supérieur ne doit pas utiliser des doctrines personnelles s'opposant au Dharma du Bouddha. Pour ma part, je pense qu'on peut interpréter la phrase dans l'autre sens, c'est-à-dire qu'il ne faut pas utiliser les doctrines personnelles, soient-elles proposées par le Prêtre supérieur.

Une telle chose est absolument impossible, mais si, par exemple, il me venait à dire un jour "A partir de maintenant, récitons Namu Amida Butsu"[31], il ne faudrait absolument pas suivre cette proposition, bien que je pense que, de vous-mêmes, vous ne l'utiliseriez pas et que vous tenteriez de m'expulser.

En ce qui concerne nitshu shonin, je pense qu'il ne s'agissait pas du tout d'une telle situation. Simplement, la majorité ayant émis diverses remarques, c'est après avoir profondément réfléchi que nitshu shonin pris la décision de se retirer, considérant que cela était bon pour le Dharma. Par conséquent, à la question "peut-on faire démissionner le souverain du Dharma?", je réponds clairement, non, cela est impossible.

C'est pourquoi, à l'époque, si nitshu shonin avait décidé ne pas se retirer, il ne l'aurait pas fait. Toutefois, en ce temps là, il y avait un contexte qui nous échappe à présent. Dans tous les cas, au sujet de cette question, le Grand Patriarche s'est retiré de sa propre décision, après mûre réflexion.

Il en va de même pour la onzième question.

(11) Pendant la période de pauvreté de l'après-guerre, le 63ème Grand Patriarche nichiman shonin fit abattre les grands cyprès du Temple Principal, afin de sauvegarder ce dernier. Endossant la responsabilité de cet acte, il dut démissionner. Est-il possible de faire ainsi démissionner le souverain du Dharma, récipiandaire unique de la transmission sanguine?

On ne l'a pas fait démissionner. Il est vrai que diverses opinions furent émises. Mais, en dernier lieu, c'est nichiman shonin[32] qui prit sa décision. C'est pourquoi, "faire démissionner" est une expression impropre.

Quoi qu'il en soit, poser de telles questions est le fait de personnes lisant les textes et faisant preuve d'une subjectivité erronée ou insuffisante. Même en ce qui concerne la transmission sanguine elle même, si on la conçoit avec la foi et la compréhension correctes, on s'aperçoit qu'il s'agit là d'une règle bouddhique immuable et magnifique.

Je reviens à présent à la dixième question.

(10) Dans la confusion de l'élection du prêtre principal, on demanda au ministère de l'éducation nationale de trancher sur le résultat? Est-il normal de faire s'immiscer le pouvoir de l'état dans l'élection du Souverain du Dharma?

Là également, le terme "s'immiscer" est incorrect. Quelqu'un ayant intenté un procès, on ne pouvait faire autrement que s'en remettre à l'autorité de l'état. Naturellement, je pense qu'il aurait été préférable de trouver des mesures adéquates fondées sur l'indépendance de la congrégation religieuse. Mais cela ne fut pas possible. En fin de compte, c'est le résultat, tel quel, de l'élection du prêtre supérieur qui fut prise en compte.

L'élection du prêtre supérieur n'eut lieu qu'une fois, en cette occasion unique. Il est indéniable que cette formule n'est pas coutumière de la transmission sanguine. Toutefois, la situation sociale de l'époque, à laquelle s'ajoutèrent d'autres circonstances, firent que la conception de notre école était ainsi. Il s'agit en fait de l'élection du prêtre principal entre une personne nommée arimoto koga et le 60ème Grand Patriarche nichikai shonin[33]. Dans tous les cas, comme je l'ai dit tout à l'heure, même si elle prit une telle forme, la détermination du Souverain du Dharma fut faite selon la profonde volonté du Bouddha originel. Et c'est ainsi que nous devons le considérer.

(12) Pourquoi nissei shonin et nichiin shonin ont-ils laissé des descriptions signifiant l'interruption de la transmission sanguine, donnant des argumentations de critiques aux autres écoles?

J'ai déjà eu l'occasion de parler de cela. Il existe un commentaire de nichijun shonin réfutant l'étude de hayakawa ichizo, intitulée Recherches sur le départ de Nikko Shonin du mont Minobu. Les écrits de l'époque nous enseignent qu'après l'extinction de nichiren daishonin, nichimoku shonin, accompagné de maître nichizon, rendit visite à nikko shonin à minobu ; mais ce dernier étant absent, ils ne purent le rencontrer. C'est lorsqu'ils revinrent à nouveau au mont minobu que la rencontre put avoir lieu. Argumentant sur ce fait, hayakawa prétend, qu'après l'extinction de nichiren daishonin, nikko shonin ne demeura pas à minobu.

Ce à quoi, nichijun shonin répond qu'il n'en est rien. nikko shonin résidait en permanence au mont minobu. Et c'est parce qu'ils le savaient pertinament, que nichimoku shonin et maître nichizon s'y rendirent. Il ne peut en être autrement. C'est par hasard, qu'au moment de leur visite, nikko shonin était absent. C'est pourquoi ils repartirent et revinrent plus tard.

Il est indiscutable que la transmission s'effectue et est bien gardée. C'est parce qu'ils ne pensaient pas que quelqu'un émettrait des doutes sur une telle vérité indubitable que les Grands Patriarches écrivirent leurs textes, dans la limite de leur compréhension des conditions du treizième siècle, obtenue au travers des documents de leur époque. Ils auraient pu, au contraire, cacher habilement les vérités afin qu'elles ne représentent pas de problème dans le futur. Mais la transmission sanguine est une chose véritablement importante et réelle. C'est pourquoi, il n'a jamais été question de dissimuler quoi que ce soit. Au contraire, ils ont écrit sans faire preuve de subjectivité.

Aujourd'hui, je vous ai parlé des "paroles d'or" en partant du Traité sur la distinction entre l’illusion et l’observation de l’esprit de nichio shonin. J'aimerais que vous ayiez la conviction que la transmission a toujours été effectuée et gardée selon la profonde volonté du Bouddha originel nichiren daishonin, quelles que furent les circonstances.

A présent, j’aimerais vous parler de monsieur Makiguchi Tsunesaburo, le premier président de la Soka Gakkai. A dire vrai, je n’ai eu que trois ou quatre occasions de le cotoyer directement. L’une de ces rencontres a eu lieu à Otakibashi, quartier de Tokyo, lors de la veillée funèbre d’un croyant à qui il avait fait shakubuku. J’avais alors dix huit ou dix neuf ans et travaillais comme novice au temple Jôzaiji. Je m’étais rendu chez cette personne pour diriger l’office funèbre.

A cette époque, la cérémonie de la veillée funèbre se déroulait par la lecture du chapitre des "Moyens", de la partie longue du chapitre "Durée de la vie", deux lectures des vers "Jigage" et de la récitation d’une centaine de Daimoku. Après quoi, il y avait une petite pause pendant laquelle la famille du défunt offrait du sake et des sushi. Après la pause, on refaisait une lecture du sutra. Ainsi, on faisait au moins deux lectures du sutra. Maître Shina Nitchô, ici présent, se souvient avoir effectué, à la même époque, jusqu’à trois séances.

Revenons à nos moutons. C’est pendant la pause, alors que les plats étaient servis aux invités, que monsieur Makiguchi fit son apparition. En premier, il vint me saluer. Puis, la maîtresse de maison lui offrit des sushi. Il avait les mains tremblantes, au point qu’il laissa échapper un sushi dans la petite assiète de sauce de soja. J’ai compris après que ce n’était pas par maladresse, mais parce qu’il ne pensait qu’à faire shakubuku aux personnes présentes, la plupart étant des gens offensant le Dharma, et ne prétait aucune attention à la nourriture. Finalement, sans avoir rien mangé, il prit la parole et s’adressa aux personnes présentes. Il dit : “J’ai à vous parler”. Il fit alors shakubuku, pendant à peu près un quart d’heure.

Cela se passait il y a bien des années et je ne me rappelle plus ce qu’il a dit. Je présume qu’il a parlé de sa thèse Preuve actuelle du grand bien dans la vie quotidienne et, bien sûr, de l’importance de pratiquer l’enseignement de Nichiren Daishônin.

Quand il eut fini de parler, j’ai de nouveau dirigé la lecture du sutra. Ensuite, monsieur Makiguchi et moi sommes partis à pied vers la station de Higashi Nakano. Nous y avons pris le train ensemble jusqu’à la station de Shinjuku où nous avons pris la ligne de Yamanoté. Nous nous sommes tenus ainsi compagnie jusqu’à la station de Mejiro où habitait monsieur Makiguchi. Pendant le trajet, qui était assez court, nous avons parlé de choses et d’autres et il m’a encouragé. Des quelques rencontres que j’eus avec lui, ce fut la dernière. Peu après, il fut arrêté par la police spéciale et mourut en prison.

En tout cas, il pratiquait très sincèrement et faisait shakubuku avec zèle. Néanmoins, je pense qu’il serait bon que vous connaissiez le contenu de sa théorie des valeurs, afin, le cas échéant, de faire face à Gakkai.

Je ne suis pas spécialiste en philosophie, mais je peux dire que, normalement, la valeur philosophique se classe en “vérité”, “bien” et “beauté”. A partir de la seconde moitié du dix neuvième siècle, la théorie des valeurs commença à être reconsidérée sur la base de la philosophie empirique. Monsieur Makiguchi en conçut sa théorie des valeurs fondée sur les expériences. Avant lui, toutes les théories des valeurs, dans le cadre du réalisme, consistaient en vérité, bien et bonté. C’est pourquoi, on peut citer beaucoup de gens, à partir de l’ère meiji1, qui utilisaient cette notion pour enseigner le bouddhisme.

Autrement dit, à cette époque, les valeurs étaient considérées, dans la plupart des cas, comme étant vérité, bien et beauté. La particularité de la philosophie de monsieur Makiguchi réside dans le fait qu’il les a remplacées par “profit”, “bien” et “beauté”. Il considérait, en effet, que la vérité ne constitue pas une valeur ; d’après lui, la valeur n’est pas représentée par son contenu, c’est une réalité que nous pouvons expérimenter. monsieur Makiguchi a donc exclu la vérité qu’il a remplacée par le profit.

Ceci demeure toujours sujet à discution, mais en tout cas, la première particularité de la théorie des valeurs de monsieur Makiguchi est de révéler le profit, le bien et la beauté comme valeurs. Fondé sur les expériences, il met de côté la vérité, puisque, pour lui, elle n’est qu’une expression, en tant qu’objet, de la réalité et dit que la valeur repose sur la relation entre la vie d’un homme et ses émotions.

En outre, il situe le bénéfice à la base de toutes les valeurs et considère que le profit représente le fondement pour expliquer le bien et la beauté. Autrement dit, le bien constitue le profit social ou public et la beauté représente la nourriture spirituelle indispensable au maintien de la vie. Cependant, le bien ou la beauté ont toujours l’opportunité de devenir un profit. Le profit est donc une existence qui traverse toutes les valeurs. Il en résulte que le bénéfice est considéré comme central.

On peut donc dire que la deuxième particularité de sa théorie réside dans le fait qu’il considère le profit comme le fondement de toutes les valeurs. Il n’en conclut pas pour autant que le profit soit la valeur suprême. Selon sa classification des valeurs, il place le bien en premier, le profit en second, puis la beauté.

Il parle aussi d’anti-valeurs. Il cite le mal par rapport au bien, la perte par rapport au profit et la laideur par rapport à la beauté. Pour démontrer que la perte et le profit se placent au dessus de la laideur et de la beauté, il prend l’exemple d’un manju2 pourri qui est bon en apparence mais nuisible pour le corps.

Il dit encore que, même si quelque chose semble posséder une valeur - c’est-à-dire si elle semble représenter un profit, mais qu’au niveau des valeurs supérieures que sont le bien et le mal, elle relève du mal - il n’y a pas de véritable valeur.

Par exemple, si l’on gagne de l’argent en commettant de mauvaises actions, cela peut représenter un profit, mais ne peut constituer une véritable valeur, puisque cela s’oppose au bien.

Cette philosophie de monsieur Makiguchi, dont le fondement repose sur le profit, peut sans doute être critiquée comme utilitariste. Cependant, on peut dire également qu’en plaçant le bien à un niveau supérieur au profit, elle dépasse l’utilitarisme ainsi que la morale abstraite et formelle, pour montrer la morale concrète.

Ensuite, considérant l’individu comme une existence sociale, il pense que la personnalité d’un homme constitue une valeur en tant qu’être humain. Cette personnalité témoigne des estimations déjà exisentes et exprime la valeur que représente le résultat de ces estimations. Par conséquent, il insiste sur le fait que la personnalité possède une valeur absolue par rapport à toute autre valeur et que la valeur de la personnalité se sublime par la force de créativité. Il en résulte qu’il faut créer la valeur en soi. Il appliqua cela dans le domaine de la pédagogie.

D’autre part, Wilhelm Windelband avançait une autre valeur que la vérité, le bien et la beauté ; il s’agit d’une valeur religieuse, le sacré. Mais, monsieur Makiguchi la nie sans y prêter la moindre importance. Il pense en effet, qu’au degré de la réflexion individuelle, parvenir au stade où l’on se sent rassuré par le sacré ne constitue qu’une valeur morale ou bénéfique. Il est donc inutile d’établir un concept sacré pour valoriser le fait de sauver les êtres humains ou la société.

Finalement, selon lui, la valeur religieuse doit fusionner avec le profit et le bien en tant que valeur bénéfique ou morale. Ceci constitue une autre particularité de la théorie des valeurs de monsieur Makiguchi.

Toutefois, il posait des limites au profit, au bien et à la beauté, considérant qu’ils ne constituent que des valeurs de ce monde. C’est-à-dire que tout en plaçant au niveau le plus haut la valeur morale que constitue le bien, il ne la considère que comme un critère mondain, ne dépassant pas le cadre d’une règle sociale. Dans ce sens, le bien est relatif et n’est ni suprême, ni absolu.

Il poursuit par l’idée que l’existence suprême et absolue relève du domaine d’une véritable religion. Il propose de trouver une règle de causalité qui commande la vie d’une âme impérissable à travers les trois phases et d’établir un critère absolu du juste et de l’erroné et du bien et du mal, afin de réaliser une vie de bonheur suprême. Il conclut avec l’assertion que ceci est le désir reposant au tréfonds du cœur humain.

Par conséquent, il arriva, naturellement, jusqu’à la conclusion que la religion la plus correcte n’est autre que l’enseignement de Nichiren Daishônin. Il explique dans sa théorie des valeurs que l’existence ultime réside dans le bouddhisme, qui dépasse les concepts de valeurs, mais aussi que le bouddhisme et le dharma mondain ne s’opposent pas. Sa théorie se limite à cela. La corrélation entre sa théorie des valeurs et le bouddhisme n’est pas expliquée de façon ordonnée. Il explique beaucoup de choses dans le cadre de la pédagogie, d’un point de vue pratique, sociologique ou pédagogique, mais il ne les explique pas par rapport au bouddhisme.

Il doit y avoir encore des disciples de monsieur Makiguchi dans la Soka Gakkai, qui ont tendance à essayer de comprendre le bouddhisme de Nichiren Daishônin selon le point de vue de la théorie des valeurs de monsieur Makiguchi. Ces personnes réfléchissent au bouddhisme de Nichiren Daishônin ou l’expliquent en restant fondées sur les valeurs utilitaires de la théorie des valeurs. Dans ce processus, je pense qu’ils finissent par avoir tendance à “dégrader le respectable en y introduisant le vulgaire”.

Voici ce que je peux dire, d’une manière très succinte, des particularités de la théorie des valeurs. En définitive, cette théorie des valeurs a la possibilité en elle de tomber dans un raisonnement égocentrique qui laisse entendre qu’il nous est permis d’agir à notre guise et pour notre propre profit, car c’est le profit qui constitue le fondement de cette théorie.

Il est certain que la théorie des valeurs de monsieur Makiguchi, en finalité, vise le bouddhisme de Nichiren Daishônin. Et, en apparence, elle y parvient. Cependant, elle est incomplète dans le sens où la relation entre cette théorie et le Dharma merveilleux du Sutra du Lotus n’est pas clairement établie. Dès lors, puisque le profit y constitue le fondement de toutes les valeurs, la pensée selon laquelle on peut faire n’importe quoi du moment que c’est pour le bouddhisme ou pour ceux qui le propagent avait la possibilité de naître dans la Soka Gakkai, après Messieurs Makiguchi et Toda.

Concrètement parlant, cette théorie des valeurs a été remplacée par une conception égoïste qui autorise toute injustice et tout opportunisme visant son profit personnel.

Bien entendu, dans le Sutra du Lotus, on trouve un important concept qui est “les œuvres et vertus et bienfaits inconcevables”. Toutefois, je pense que ce concept doit être vécu par l’expérience de la personne au travers de l’enseignement et de la pratique fondés sur le principe véritable du bouddhisme. Par contre, essayer de comprendre les bienfaits enseignés par le bouddhisme au moyen de la théorie des valeurs, ou tenter de développer ou de protéger le bouddhisme en étant fondé sur l’égocentrisme, a fait naître un énorme problème d’inversion des valeurs.

L’attitude perturbée de la Soka Gakkai, que l’on voit aujourd’hui, diffamant à l’aide de pures inventions et allant jusqu’à fabriquer de faux témoignages, provient de l’influence néfaste et déviée de la pensée fondée sur le profit énoncé dans la théorie des valeurs.

Quand on revoit tout cela, je pense qu’il serait nécessaire de réfléchir à la vérité, valeur niée par monsieur Makiguchi.

Il ne faut pas traiter des choses sur la base du profit, en oubliant que la vérité devient immédiatement œuvre et vertu (profit), grâce à la “présence mutuelle des dix mondes”, aux “cent mondes et mille Ainsi” et à la “Une pensée trois mille” développée dans le Sutra du Lotus, c’est-à-dire l’éveil inconcevable du Bouddha, signification véritable de la fusion parfaite de la sagesse et de son objet.

Lorsqu’on réfléchit aux principes énoncés dans le Sutra du Lotus, à la doctrine de Nichiren Daishônin, ou aux grands courants bouddhiques tel que, par exemple, l’intégration parfaite des trois vérités de la vacuité, du provisoire et du milieu, on constate qu’il n’y est question ni de profit, ni de beauté, mais de la vérité. Le bien suprême réside dans le fait de s’éveiller à cette vérité complète et de la pratiquer.

Par exemple, Shakyamuni explique le principe de vérité de la vacuité partielle du petit véhicule. Si on compare ce principe avec celui de la vacuité du grand véhicule ou à l’intégration parfaite des trois vérités du grand véhicule véritable, la vérité en elle-même est une existence objective. Cependant, elle renferme une valeur, grande ou petite, supérieure ou inférieure, selon le pratiquant et, donc, possède un rapport direct avec ce dernier. Peut-on affirmer, alors, que la vérité ne constitue pas une valeur? L’objet, dans la fusion parfaite de la sagesse et de son objet, représente le principe parfait auquel s’est éveillé le Bouddha, ou encore l’ainsité. Hors de cela, on ne peut trouver le grand “profit” de devenir le Bouddha.

A propos de la philosophie ou de la théorie des valeurs, lorsque vous étudiez le contenu de diverses doctrines, il faut les approfondir en rectifiant les erreurs des anciens. Cela fait partie de votre travail. Dans tous les cas, l’important est d'avoir un point de vue juste et ne pas confondre le bouddhisme avec la philosophie.

Je vais à présent aborder le sujet de monsieur Toda, le deuxième président de la Soka Gakkai. On dit qu'il a établi la "philosophie de la vie". Daisaku Ikeda proclame que monsieur Toda a “atteint l'illumination dans sa prison”. C'est-à-dire que, arrêté peu de temps après monsieur Makiguchi, il avait, pendant sa détention, réfléchi et réfléchi encore sur la signification du caractère “Hi”, qui marque la négation et qui apparaît à trente quatre reprises dans le Sutra des sens infinis. La conclusion de sa réflexion fut que ces négations représentent la vie elle-même. C’est ce qu’on appelle “l'éveil en prison”.

En fait, je pense que, pour monsieur Toda lui-même, il n’ a jamais été question d’illumination en prison. C’est plutôt Daisaku Ikeda qui en a parlé à sa guise. En outre, si on y réfléchit bien, même si ces trente quatre négations représentent la substance de la vie, elles apparaissent dans le Sutra des sens infinis et, par conséquent, sont limitées.

Ce sutra explique :

“L’infinité des sens provient d’un Dharma unique”.

En aucune manière, il ne précise quelle est la nature de ce Dharma. C’est en arrivant au Sutra du Lotus que, pour la première fois, ce Dharma apparaît comme étant Myôhô Renge Kyô. C’est pourquoi, quel que soit le zèle avec lequel on étudie le Sutra des sens infinis, même si l’on parvient à s’illuminer et penser “c’est la vie elle-même”, cette compréhension n’atteint même pas l’enseignement éphémère du Sutra du Lotus. Ce n’est qu’une compréhension intermédiaire pour atteindre le Sutra du Lotus. Elle est bien loin d’être l’éveil du début atemporel.

Dans le Gosho il est dit :

“Question : quelle est la substance de Myôhô Renge Kyô?

Réponse : les principaux et les supports des dix mondes constituent la substance de Myôhô Renge Kyô.

Question : s’il en est ainsi, cela signifierait-il que tous les êtres comme moi sont la substance de Myôhô Renge Kyô?

Réponse : bien sûr”.

C’est dans le Sutra du Lotus qu’il est clairement révélé que notre vie est la substance du Dharma merveilleux. De sorte que, même si on a connu une illumination par le sutra situé juste avant le Sutra du Lotus, il ne s’agit que de l'éveil du Sutra aux sens infinis.

Toutefois monsieur Toda, en partant de cela, est parvenu au Sutra du Lotus et a développé la doctrine de Nichiren Daishônin selon la théorie des dix mondes et c’est très bien. D’autre part, dans ses cours sur les chapitres des "Moyens" et "Durée de la vie", en particulier dans ses commentaires sur ce dernier, il énonce directement que Nichiren Daishônin est le Bouddha du début atemporel et cela relève d’une clairvoyante compréhension.

Bien entendu, monsieur Toda étant une personne qui étudiait beaucoup, il avait certainement dû lire les Traité en cent six points et Traité sur la merveille de la cause originelle et ses paroles proviennent de cela. De toute façon, il était très éclairé sur la doctrine.

Nichikan Shônin disait :

“Il faut le savoir ; l’enseignement de Shakyamuni commence au début atemporel et se termine à la fin des deux mille ans des périodes de la rectitude du Dharma et de la semblance du Dharma”.

“Commence au début atemporel” représente la situation de Shakyamuni si on le considère comme désignation d’une personne. Dans le traité intitulé "Infirmation et confirmation que les Bouddha des trois phases jugent bon d’effectuer au sein du corps des enseignements" Nichiren Daishônin écrit :

“Lorsque l’Ainsi-venant Shakya était un homme ordinaire, au moment du kalpa des cinq cent grains de poussière, il réalisa que son corps était la terre, l’eau, le feu, le vent et l'espace et ouvrit immédiatement l’éveil”.

Ici, Nichiren Daishônin dit lui-même que celui qui a ouvert immédiatement l’éveil au début de l’atemporel était Shakyamuni. Nichikan Shônin respecte cette expression et dit que le nom du Bouddha du début de l’atemporel est Shakyamuni.

Cependant, si on lit plus profondément les "Traité en cent six points" et "Traité sur la merveille de la cause originelle", ou si on se place du point de vue de la doctrine fondamentale qu’est l’identité de l’homme ordinaire et du Bouddha dans l’ensemencement de la doctrine originelle, en fait, ce que voulait dire Nichiren Daishônin réside dans la différence de nom et l’unicité de corps ; c’est-à-dire que le Bouddha du début atemporel est Nichiren. J’ai abordé ce sujet lors d’un sermon dans le Mieido, il y a quelques années, et certains d’entre vous s’en souviennent peut-être.

Pourtant, un problème demeure. Il s’agit des prédispositions. J’en ai également parlé avec précision dans un cours aux professeurs, peu de temps après mon intronisation.

Monsieur Toda disait que nous avons tous reçu l’ensemencement par Nichiren Daishônin au début de l’atemporel, mais, n’ayant pas pratiqué sérieusement, nous souffrons aujourd’hui dans les six voies. Et, afin de nous sauver, Nichiren Daishônin apparut dans la période de la fin du Dharma. D’un autre côté, Nichikan Shônin énonce que, parmi ceux qui avaient reçu l’ensemencement au début de l’atemporel, les gens qui s’étaient dirigés vers la maturation et la récolte rencontrèrent Shakyamuni après être passé par le kalpa des cinq cent grains de poussière, puis, firent apparaître l’ensemencement du début atemporel.

C’est pourquoi, il y a peu de temps encore, jusqu’au début de la période de la fin du Dharma, on pouvait devenir Bouddha en faisant apparaître l’ensemencement tel qu’il avait été reçu au début de l’atemporel, dans le cadre du bouddhisme de Shakyamuni. Par contre, nous les êtres de la fin du Dharma, devons recevoir le même ensemencement qu’au début atemporel. C’est là qu’apparaît un problème d’ordre logique.

En fait, c’est parce qu’on y réfléchit du point de vue des prédispositions qu’on finit par arriver à cette conclusion. Au sujet des prédispositions, le Sutra des sens infinis indique :

“Comme leur nature et leurs désirs ne sont pas égaux, j’ai enseigné le Dharma de diverses manières. C’est avec la force des moyens que j’ai enseigné le Dharma de diverses manières”.

Les prédispositions sont innombrables ; de sorte que, si l’on traite des prédispositions, il faut parler d’une infinité de dharma. C’est pourquoi, il faut y réfléchir en étant fondé sur le Dharma.

J’étudie la doctrine transmise et les doctrines enseignées dans le "Traité en cent six points" et le "Traité sur la merveille de la cause originelle" ; j’en conclus que le Bouddha de l’ensemencement apparaît en réponse aux prédispositions à recevoir l’ensemencement, à chaque époque, puisque le Bouddha originel de l’ensemencement détient le bienfait permanent à travers les trois phases. Si l’on réfléchit de la sorte, il n’y a pas de problème.

Nichikan Shônin montre l’apparition de la substance du Dharma de l’ensemencement à l’époque de déclin, en divisant le temps écoulé depuis le début atemporel jusqu’à la fin des deux millénaires qu’ont duré les périodes de la rectitude du Dharma et de la semblance du Dharma en trois parties que sont l’ensemencement, la maturation et la récolte. Ceci touche un domaine extrêmement profond et qui s’écarte du sujet de notre propos ; aussi, n’en dirais-je pas davantage aujourd’hui.

En tout cas, la Soka Gakkai a été recréée en 1946 et s’est constituée en association religieuse en 1952. La création de cette association religieuse provoqua diverses opinions, même à l’intérieur de la Nichiren Shôshû.

A dire vrai, j’étais personnellement contre. A cette époque là, Horigome Nichijun Shônin était le supérieur du temple Jôsenji et moi, celui du Hongyôji qui se trouvait juste en face. Une fois, je lui ai dit ouvertement que j’étais opposé à l’autorisation de créer une association religieuse indépendante.

Il m’a répondu : “De toute façon, ils pensent sincèrement à faire progresser Kôsen Rufu ; ne devons-nous pas les laisser faire?”. Il pensait cela, parce qu’avant la guerre, monsieur Makiguchi avait obtenu des résultats tangibles dans la progression de Kôsen Rufu et parce qu’il appréciait les capacités à diriger et à enseigner que possédait son disciple, monsieur Toda, Et surtout, il était confiant dans le fait que monsieur Toda avait la Une pensée de la foi correcte.

Il en avait parlé également à Nittatsu Shônin, lorsque celui-ci s’était rendu du Jôzaiji au Jôsenji, et également à l’actuel directeur de la Nichiren Shôshû, Kanmyô-in. Il leur avait dit : “Laissons les faire auur guise. Il y aura peut-être des problèmes, mais à ce moment là, il suffira de prendre clairement les mesures nécessaires”.

Nichijun Shônin avait confiance dans la foi de monsieur Toda et c’est pourquoi il préconisa au Grand Patriarche de l’époque, Nisshô Shônin, d’autoriser la création de l’association.

En ce qui concerne les inconvénients et les avantages de la création d’une personne religieuse indépendante, il est vrai que, dans un sens, il y avait un certains nombre d’avantages. Toutefois, par le fait d’être devenue une personne juridique religieuse indépendante, elle en conçu un sentiment personnel d’indépendance. C’est, en quelque sorte, ce qu’en bouddhisme on définit par la “conscience du moi”. C’est-à-dire la “vue du soi”, qui les incite à placer la Soka Gakkai au centre de tout. Je pense que cela était inévitable et fait partie des défauts principaux de l’indépendance de la Soka Gakkai.

Lorsqu’il y a conscience du “moi”, naturellement, apparaît la conscience du “mien”, c’est-à-dire “ce qui m’appartient”. En l’occurence, à partir du moment où la Soka Gakkai a existé, notamment lorsqu’elle s’est constituée en personne juridique religieuse indépendante, elle a considéré que les membres qui en font partie lui appartiennent et que la Nichiren Shôshû n’a rien à voir la dedans.

Un autre problème existe. Il s’agit de l’apparition des responsables professionnels. Monsieur Toda en fut le premier. Il s’agit de faire travailler les gens pour Kôsen Rufu en leur attribuant un salaire. Avec le temps, cela a pris la forme que l’on connaît aujourd’hui, avec les employés de centres. J’ai entendu dire que cela a entrainé des situations de dépendance pour ces salariés et que ce phénomène a pris un aspect de décomposition. Je pense que certaines affaires sont parvenues à votre connaissance.

Personnellement, je pense que monsieur Toda concevait vivement des craintes que, dans le futur, la Soka Gakkai emprunte un chemin erroné.

La manifestation de ses craintes, vous en avez sans doute tous eu connaissance. Elles apparaissaient, par exemple, dans ses paroles telles que : “La Soka Gakkai n’est que le conducteur”. Cela signifiait que le rôle de la Soka Gakkai était de faire shakubuku aux offenseurs du Dharma et de les amener devant le Gohonzon du Kaidan. Cela est comparable à un chauffeur d’autobus. Son rôle est d’emmener les passagers dans une direction correcte et arrêtée. Telle était son idée. Il le disait clairement.

Or, si le chauffeur considère que son but est de faire monter les gens dans son bus, oubliant que son rôle est de les amener à destination et les emmène là où il veut, que se passe-t-il? Aujourd’hui, la Soka Gakkai est devenue de la sorte, à cause de la vue du moi de Daisaku Ikeda.

Monsieur Toda préssentait que la forme d’organisation qu’il préconisait présentait des dangers qu’il tentait de conjurer par ses paroles. Il désirait que la Soka Gakkai continue d’être un groupe de croyants à la foi correcte qui protège la Nichiren Shôshû.

Les fameuses paroles qu’il prononça à Okayama en constituent un exemple. Parmi vous, se trouvent le supérieur du temple Myôrenji, ou les personnes s’occupant des secteurs de propagation de l’époque, qui entendirent directement ces paroles. Quelques croyants étaient là également. Monsieur Toda dit clairement : “Je pense que la Soka Gakkai va se développer d’une manière considérable. Néanmoins, si elle exerce une pression sur la Nichiren Shôshû ou s’ingère dans les affaires intérieures à la Nichiren Shôshû, il faut ordonner sa dissolution immédiate”.

D’autre part, dans les mémoires de Daitô-in, c’est-à-dire le vénérable Kakinuma Kôchô, qui fut supérieur du temple Myôkôji, sont relatées les paroles que prononça monsieur Toda après le débat d’otaru3 : “La Soka Gakkai peut être détruite à tout moment, peu importe. Seule, la Nichiren Shôshû ne doit absolument pas être détruite”.

Il prononça de telles paroles à plusieurs reprises et en diverses occasions. Cela prouve, je pense, qu’au moment même d’établir la personne juridique de la Soka Gakkai, il concevait de très grandes craintes quant aux possibilités de corruption future de son organisation. C’est pourquoi, il prononça en de nombreuses occasions ces paroles.

Dans le "Traité sur la sélection du temps" il est dit :

“Des hommes construisent des routes sur lesquelles d’autres se perdent. Est-ce la faute de ceux qui ont bâti ces routes?”

Nichiren Daishônin nous indique par cette phrase que, même si des gens s’égarent sur la voie, ce n’est pas la responsabilité de celui qui a établi cette voie. En réfléchissant de la sorte, on peut affirmer que monsieur Toda n’a nullement construit la Soka Gakkai pour qu’elle se perde. Au contraire, son but était de protéger correctement la Nichiren Shôshû jusqu’au bout et de pouvoir pratiquer correctement. La faute incombe donc à ceux qui se sont égarés, en proie auur vue du soi et à celui qui leur a donné des directives pour les faire s’égarer.

Ensuite, j’aimerais parler des hérésies doctrinales de Daisaku Ikeda.

Je pense que vous avez déjà tous entendu ses hérésies au sujet des trois grands Dharma ésotériques. Selon vous, où croyez-vous que se situe l’erreur fondamentale de Daisaku Ikeda, commune au trois grands Dharma ésotériques? Je pense qu’il commet une erreur commune au Gohonzon de la doctrine originelle, au Daimoku de la doctrine originelle et au Kaidan de la doctrine originelle. C’est-à-dire qu’il donne l’impression de respecter Nichiren Daishônin en parlant d’un “lien direct avec Daishônin”. Cependant, si l’on se réfère à sa manière d’expliquer ou à ses actes, on constate qu’il méprise le cœur de Nichiren Daishônin, le Bouddha originel.

Par exemple, dans ses explications du Gohonzon, il déclare : “Myôhô Renge Kyô est la loi qui existe réellement dans l’univers”. De nombreuses personnes ont critiqué cette conception. Si on utilise cette expression, il faut préciser, comme l’a fait Nichijun Shônin, que c’est le Dharma merveilleux inhérent au cœur de Nichiren Daishônin qui existe partout dans l’univers. Autrement dit, si l’on prend uniquement le Dharma qui existe partout dans l’univers et que l’on dise que l’on s’harmonise à son rythme, il est clair que l’on traite alors uniquement de “l’objet” de la contemplation (Kyô), sans tenir compte de la “sagesse” (Chi) qui observe. C’est-à-dire que l’on ne tient nul compte de la sagesse du Bouddha et qu’on néglige le Dharma merveilleux inhérent à la Une pensée de Nichiren Daishônin, qui est le Gohonzon de la Une pensée trois mille.

Nichiren Daishônin écrivait :

“Je l’ai inscrit en teintant l’encre sumi de mon esprit”.

Ainsi, les explications de Daisaku Ikeda ne tiennent pas compte de Nichiren Daishônin et rabaissent le Gohonzon ; il détruit le Dharma.

On peut dire que le fruit de cette hérésie est la contrefaçon des Gohonzon en bois. Ce problème, en réalité, est extrêmement grave. Nittatsu Shônin, considérant divers facteurs, tel le fait que Daisaku Ikeda est un dirigeant de grande influence, a tiré la conclusion définitive en disant qu’il ne fallait plus jamais en parler. Cependant, au jour d’aujourd’hui, j’affirme que la contrefaçon des Gohonzon faite par Daisaku Ikeda a eu pour cause sa vision erronée du Gohonzon, qui ne tient aucun compte de la sagesse du Bouddha originel Nichiren Daishônin.

Il en va de même pour le Daimoku. Si la conception du Gohonzon est erronée, celle du Daimoku l’est inévitablement, puisque c’est ce dernier qui donne accès au Gohonzon. Dès lors, il est inéluctable de tomber dans des hérésies telles que “Daimoku est la loi de l’univers”, lorsqu’on mésinterprète le Gosho, tel ce passage de "Abutsubô Gosho" :

“Ce sont les cinq éléments que sont la terre, l’eau, le feu, l’air et l’espace. Ces cinq éléments représentent les cinq caractères du Daimoku”.

Et pourtant, le Daimoku représente le Daimoku de la doctrine originelle, qui est le cœur de Nichiren Daishônin. On parle des quatre pouvoirs du Dharma merveilleux, qui sont le pouvoir du Bouddha, le pouvoir du Dharma, le pouvoir de la foi et le pouvoir de la pratique. Mais il ne peut y avoir de Daimoku de la doctrine originelle en dehors du pouvoir du Bouddha et du pouvoir du Dharma. Autrement dit, le Daimoku du pouvoir de la foi et du pouvoir de la pratique est le Daimoku qu’on récite en vénérant la substance de l’unicité de la personne et du Dharma, ainsi que les œuvres et vertus du pouvoir du Bouddha et du pouvoir du Dharma inhérents au cœur de Nichiren Daishônin.

Là également, puisqu’il n’y a pas de foi capable de vénérer le cœur du Bouddha originel Nichiren Daishônin, la conception du Daimoku s’en trouve erronée.

A la réflexion, on comprend que le dépôt, par la Soka Gakkai, de “Nam Myôhô Renge Kyô” en tant que marque commerciale4 montre l’aspect que revêt le dédain du Daimoku. Je ne sais pas ce qu’est devenu ce dépôt, puisque des sectes hérétiques ne récitant Daimoku qu’avec la bouche ont porté plainte, mais en tout cas, cette histoire a rabaissé le Dharma.

Le troisième point, l’erreur sur le Kaidan, est pire encore. J’en ai parlé, jusqu’à présent, sous divers angles. Le Kaidan constitue l’ultime volonté du Bouddha originel Nichiren Daishônin. Celui-ci a parlé de la doctrine du Daimoku, depuis la création de l’Ecole. Quant au Gohonzon, c’est après l’exil à Sado qu’il fut révélé. Seul le Kaidan ne fait l’objet que de très rares évocations. Hormis le post scriptum du traité intitulé "Les difficultés rencontrées par le pratiquant du Sutra du Lotus", écrit à sado, le nom du Kaidan, n’est évoqué pour la première fois que dans le "Traité sur l’adoption de l’essentiel du Lotus", après la retraite du Daishônin à Minobu. Dans le "Traité sur la reconnaisance", il n’est citée que de nom. Néanmoins, il n’y a que dans le "Traité sur les trois grands Dharma ésotériques" et le "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie" que Nichiren Daishônin explique clairement le sens fondamental du Kaidan.

Je ne pense quand même pas que, parmi vous, il y en a qui supposent que ce n’est pas une chose importante parce que le Daishônin en parle très peu. Ce n’est pas la quantité qui détermine l’importance d’une doctrine. Si l’on considère la quantité, les Sutra Agama sont bien plus nombreux que le Sutra du Lotus. Le nombre des volumes des Sutra de la Sagesse est énorme, comparé aux huit volumes du Sutra du Lotus. D’autant plus que, parmi ces huit volumes, l’essentiel n’est contenu que dans un chapitre et deux moitiés. Aussi, la valeur de l’enseignement ne réside pas dans la quantité.

Les orientations sur la doctrine du Kaidan représentent la volonté-même de Nichiren Daishônin dans son désir de sauver les êtres de la période de déclin. Autrement dit, il n’en parle pas simplement pour la forme, mais pour indiquer ses ultimes volontés en tant que Bouddha originel dont le cœur traverse les trois phases.

Or Daisaku Ikeda, ce grand orgueilleux doté des vues erronées du soi, a divisé le Kaidan en forme et esprit. J’en ai souvent parlé. Son discours de 1964 au gymnase de Taitô est la preuve qu’il fait totalement abstraction de l’esprit de Nichiren Daishônin en disant : “L’établissement du Kaidan n’est qu’une formalité. Le but final est que tous le monde, sans exception, devienne heureux. L’établissement du Kaidan ne représente qu’un monument commémoratif de ce résultat. Par conséquent, ce n’est qu’un problème secondaire parmi les problèmes secondaires ; une formalité parmi d’autres”.

Quand nous étudions le "Traité sur les trois grands Dharma esotériques" et le "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie", nous devons les lire selon le cœur de Nichiren Daishônin. Là se trouve la raison d’être des disciples. Là se trouve le cœur de Nikkô Shônin, récipiendaire de la transmission sanguine.

Rejeter l’esprit de Nichiren Daishônin en disant que l’établissement du Kaidan n’est qu’une formalité, afin de faire croire que c’est lui-même qui a réalisé Kôsen Rufu, n’est que la représentation de l’esprit perturbé de Daisaku Ikeda.

C’est ainsi que la Soka Gakkai, ayant atteint le nombre sans précédent de huit millions de membres - entre parenthèses, il paraît que ce n’est pas vrai - il voulait se vanter, avec ce chiffre, d’avoir accompli la dernière volonté de Nichiren Daishônin.

C’est pourquoi, il n’a de cesse de dire, surtout ces temps-ci : “C’est moi qui l’ai fait”, “C’est moi qui ai tout fait”. En réalité, comme l’accomplissement du véritable Kôsen Rufu, volonté de Nichiren Daishônin, est quelque chose d’extraordinairement difficile, il fait cette mascarade afin de s’approprier à sa guise la volonté de Nichiren Daishônin. C’est ce qu’on appelle “détruire le respectable en y introduisant le vulgaire”.

En réfléchissant à la doctrine du Kaidan, fondée sur les orientations mêmes de Nichiren Daishônin, telles qu’elles sont données dans le "Traité sur les trois grands Dharma ésotériques" ou le "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie", il faut obligatoirement comprendre cette doctrine selon les trois degrés de la phrase, du sens et de l’esprit. C’est-à-dire que l’esprit ne peut jamais être un autre que celui de Nichiren Daishônin. Or, la volonté perverse de Daisaku Ikeda lui fait dire à tout prix que c’est lui qui l’a réalisé, que c’est lui qui a tout fait.

Cette volonté perverse est fondamentalement différente de notre grande conviction de réaliser absolument, un jour, la dernière volonté de Nichiren Daishônin et d’établir le Kaidan de la doctrine originelle. Aujourd’hui, c’est cette grande conviction que nous devons avoir. Sans elle, nous ne pouvons nous targuer de posséder la qualité de disciple de Nichiren Daishônin.

Par ailleurs, à cette époque là, il disait souvent “édification par le peuple”. Mais cela ne tient pas debout, puisque, comme je l’ai dit tout à l’heure, le nombre des croyants n’atteint pas le dixième de la population japonaise. Il a expliqué, à son avantage, la raison d’être du Kômeitô et autres organes de la Soka Gakkai. Toutefois, si on réfléchit à la définition de Kôsen Rufu telle que l’a donnée Nittatsu Shônin, on ne peut pas parler de sa réalisation avant que le nombre des fidèles purs et solides n’atteigne un tiers de la population.

Dans ce sens, la situation de la Soka Gakkai à l’époque, tout comme aujourd’hui d’ailleurs, ne lui permet pas de parler de réalisation de la volonté de Nichiren Daishônin. C’est pourquoi Daisaku Ikeda, afin de faire croire à tout prix qu’il avait accompli cette volonté, parlait d’édification populaire avec tant de zèle.

Par contre, c’était l’organisation Myôshin kô, dirigée par Akie Asai, qui parlait d’édification nationale. Il continue d’en parler en évoquant le “Kaidan national lors du Kôsen Rufu sous le ciel”. Cependant, lorsqu’on dit “national”, cela signifie que c’est l’Etat qui doit construire le Kaidan. Dans un pays, il a une constitution et des lois. Or, l’édification du Kaidan par l’Etat est constitutionnellement interdite. C’est totalement impossible.

En plus de cela, j’ai le sentiment que si c’est l’Etat qui établissait le Kaidan, cela dévierait de l’esprit de Nichiren Daishônin.

Je vous propose donc la chose suivante. Je ne suis certainement pas supérieur à quiconque et je ne dis pas cela comme un ordre. Cette édification du Kaidan n’a d’autre signification que celle indiquée dans le "Traité sur les trois grands Dharma ésotériques" et le "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie", c’est-à-dire le Kaidan en tant que dernière volonté de Nichiren Daishônin. On n’a pas besoin d’y rajouter quoi que ce soit. Néanmoins, si on tient réellement à dire quelque chose à ce sujet, peut-être serait-ce une bonne idée de dire “édification par le souverain”.

Cette conception contient la notion de personnalité et non pas d’Etat. Ce n’est donc pas un organe de l’Etat qui édifierait le Kaidan, mais quelqu’un qui recevrait correctement la sagesse de Nichiren Daishônin. Peu importe qu’on emploie le singulier ou le pluriel, du moment que cette ou ces personnes l’édifient en restant fondées sur une foi respectable.

De plus, le terme de souverain peut s’appliquer sous n’importe quel régime politique, de n’importe quelle époque. Par exemple, aujourd’hui, la souveraineté appartient au peuple. Le peuple constitue le souverain. Par conséquent, dans l’aspect du développement de Kôsen Rufu dans l’avenir, si le nombre de croyants purs devenait suffisant pour éventuellement réviser la constitution, l’édification du Kaidan par le peuple, qui est le souverain, serait possible.

En outre, quand on lit les phrases du "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie", le mot “souverain” est clairement désigné comme suit :

“Nichiren transmet tout l’enseignement propagé à Byakuren Ajari Nikkô. Il devra être le grand guide de la propagation de la doctrine originelle. Lorsque le souverain établira ce Dharma, il faudra édifier le Kaidan de la doctrine originelle au mont Fuji”.

D’après cette description, on peut dire que celui qui doit construire le Kaidan est le souverain et aussi Nikkô Shônin qui a reçu les dernières volontés.

Le rôle de Nikkô Shônin, le rôle des moines, réside dans la protection du Dharma et la transmission. Ceux-ci ne disposent pas de ressources financières propres. Donc, dans la phrase : “Lorsque le souverain établira ce Dharma, il faudra édifier le Kaidan de la doctrine originelle au mont Fuji”, il est suggéré que le Kaidan devra être édifié en harmonie entre les moines et le souverain devenu pur croyant et protecteur.

C’est la raison pour laquelle je pense que l’expression “édification par le souverain” convient bien au sens du "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie".

Mais je ne dis pas, qu’à partir de maintenant, la Nichiren Shôshû utilisera cette expression. Dans son sermon à l’occasion de la cérémonie d’aération des trésors de 1970, Nittatsu Shônin a dit au Mieido :

“Si, dans l’avenir impur des derniers jours du Dharma, on peut réaliser la fusion parfaite du souverain et du Bouddha, comme cela s’est fait dans le passé entre le roi Utoku et le moine Kakutoku, le Kaidan devra être établie en recherchant le meilleur endroit, semblable à la terre pure de la montagne sacrée, sur édit de l’Etat. Ceci est la parole d’or de Nichiren Daishônin. J’y crois donc comme le grand idéal à réaliser dans le futur”.

Nous devons avancer correctement vers l’accomplissement de l’édification du Kaidan, désignée dans le "Traité sur les trois grands Dharma ésotériques" et le "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie", puisque c’est une grande œuvre visant à sauver tous les êtres, qui nous a été confiée par Nichiren Daishônin.

Grâce aux efforts de Nittatsu Shônin et d’autres, on a réussi à faire admettre que le Shôhondô n’est pas directement le Kaidan désigné dans les "Traités sur les trois grands Dharma ésotériques" et le "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie". Cependant, Daisaku Ikeda voulait que le Shôhondô soit l’accomplissement de la volonté de Nichiren Daishônin.

C’est pourquoi il a dit que “le Shôhondô est le Kaidan de la doctrine originelle du Sutra du Lotus”, lors de la grande cérémonie de début des travaux en 1968, afin de donner l’impression qu’il s’agissait du Kaidan répondant au vœu de Nichiren Daishônin.

D’après le journal personnel d’un témoin, il aurait fait transmettre un mensonge dans les autocars qui quittaient le Taisekiji, le 12 octobre 1972, le jour de l’inauguration du Shôhondô, disant : “Aujourd’hui, la dernière volonté de Nichiren Daishônin, émise il y a sept cent, ans a été accomplie”. Ainsi, on constate combien Daisaku Ikeda s’est très profondément attaché à l’accomplissement de la volonté de Nichiren Daishônin.

Une fois que son ambition démesurée fut muselée par Nittatsu Shônin, je pense qu’il a dû garder une grande rancune en lui. Le problème de la “ligne de 1977”, ou du “deuxième chapitre de Kôsen Rufu” en sont issus.

Il dit souvent, paraît-il : “Malgré une tradition de sept cent ans, la véritable volonté de Nichiren Daishônin réside dans le peuple ; dans chaque être humain”. Mais de toute façon, c’est le Bouddha qui guide le peuple et les êtres. En fait, il méprise le cœur du Bouddha. C’est là que réside la cause fondamentale de ses graves erreurs.

Daisaku Ikeda critique la Nichiren Shôshû en disant qu’elle “n’agit pas”, qu’elle “ne se donne pas”. Il dit encore que la Nichiren Shôshû ne correspond pas au “but de la venue en ce monde”. Il veut dire qu’il n’y a que lui qui agisse pour réaliser le but de la venue en ce monde du Bouddha. Il veut tout simplement dire que c’est lui qui a tout fait et rien d’autre.

Demain, le vénérable Kondo Kôdô fera un exposé intitulé “La religion humaniste du point de vue de la doctrine de la Nichiren Shôshû”. En résumé, il vous dira que Daisaku Ikeda vente les résultats de la propagation à l’étranger, que n’a pas effectuée monsieur Toda, s’enfonçant ainsi dans de folles illusions sur Kôsen Rufu. De là est née la façon de penser du “deuxième chapitre de Kôsen Rufu”.

La propagation dont il est question dans le Sutra du Lotus procède d’un ordre selon l’époque, le lieu et le pays. Bien sûr, il est possible d’appliquer, à un certain degré, la forme de propagation qui consiste à faire recevoir progressivement (shôjû), en tenant compte des mœurs et des traditions du pays, selon le principe du “précepte adapté au lieu”. Cependant, le Japon doit être le point de départ et le centre de la propagation dans le monde entier, puisque le Japon est le “pays de la merveille fondamentale”.

Daisaku Ikeda a une conception contraire. A l’époque où j’étais directeur du département d’étude, il a dit, lors d’une conférence de liaison : “Nous sommes au deuxième chapitre de Kôsen Rufu. Nous devons aller à l’étranger et faire un débarquement en sens contraire”. Ceci est l’origine du mouvement culturel, du mouvement pacifiste qui flatte les grands de ce monde et, également, de la confusion entre le bouddhisme et les voies extérieures que l’on peut voir à présent dans la Soka Gakkai. Cela nous enseigne que nous devons distinguer l’ordre des choses et prendre garde de ne pas commettre d’inversion.

C’est pourquoi, la teneur de Kôsen Rufu au Japon, et pour dire plus, les conceptions des membres de la Soka Gakkai, sont devenues une pagaille totale. C’est la raison pour laquelle, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas du tout que nous essayons de les guider sur la voie correcte. Ils sont détraqués à la base.

C’est pourquoi j’affirme que la Soka Gakkai n’est plus l’organisation qui propage le Dharma correct.

Une autre conception qui constitue une offence au Dharma est “le lien direct avec le Gohonzon”. Je suppose que vous en avez entendu parler. De quel Gohonzon peut-il s’agir? S’il s’agit de celui de Nichiren Daishônin, ce ne peut être que le Gohonzon ultime, celui du Kaidan inscrit le douze octobre de la deuxième année de Koan. En dehors de celui-là, il ne peut y en avoir d’autre.

Or, dès que ce problème est apparu, il est devenu impossible aux croyants purs recherchant à rencontrer le Dai Gohonzon de le faire. C’est pourquoi, nous avons repris la méthode traditionnelle des pèlerinages par l’intermédiaire des temples locaux, et ce, depuis juillet 1991.

Même après ce changement, le chemin de la rencontre avec le Dai Gohonzon au Taisekiji, était toujours ouvert pour tous les membres de la Soka Gakkai, à commencer par Daisaku Ikeda. Il en est toujours de même aujourd’hui, excepté pour Daisaku Ikeda, puisqu’il a été personnellement expulsé. La Soka Gakkai fait courir de faux bruits du genre “Le Taisekiji est devenu la tanière de chiens sauvages”, “L’herbe envahit le Temple principal”, “Il faut payer 30 000 yen (1500 FF) pour rencontrer le Dai Gohonzon” - ils enchérissent parfois à 50 000 yen. De plus, lorsque des membres tentent de venir en pèlerinage malgré tout, ils se retrouvent mis sur la sellette par la Soka Gakkai qui cherche ainsi à les en empêcher. Ainsi, elle parle de lien direct avec le Gohonzon, mais ses actes prouvent qu’il ne s’agit pas du lien direct avec le Gohonzon du Kaidan. Il y a là une grande contradiction.

Les Gohonzon des membres de la Soka Gakkai sont des Gohonzon inscrits par les Grands Patriarches successifs ou par moi-même. La Soka Gakkai nie les Souverains du Dharma en disant “Nissei Shônin était un offenseur du Dharma. A partir de ce Grand Patriarche, la transmission est douteuse ; elle a été interrompue”. Et vis-à-vis de moi, elle repousse les limites de la diffamation et de la calomnie en utilisant le mensonge, l’invention et la substitution sur le ton des journaux à scandales.

Ils veulent être directement liés au Gohonzon. Mais enfin, du Gohonzon de qui s’agit-il? Il n’y a que des contradictions entre ce qu’ils font et ce qu’ils disent.

Comme cela est indiqué dans Les sept points de transmission du Gohonzon, la signification profonde du Gohonzon est transmise dans le corps unique des trois Trésors de l’ensemencement. Il est absolument impossible d’être relié directement au Gohonzon en niant et en médisant des trois Trésors. Autrement dit, s’ils parlent d’être reliés directement au Gohonzon en niant les trois Trésors et la transmission sanguine directe de la Nichiren Shôshû, ils sont semblables aux autres écoles Nichiren et aux nouvelles sectes qui sont si nombreuses à dire la même chose. Par conséquent, dire être relié directement au Gohonzon représente une totale contradiction et une conception totalement hérétique. C’est l’aspect d’une grande confusion de l’esprit.

Ils se disent également “liés directement au Gosho”. Mais en fait, leur compréhension du Gosho est éminemment insuffisante. Ils ne se contentent pas de le comprendre de travers, ils le commentent d’une manière tordue selon que ça les arrange.

Par exemple, dans la "Réponse au Seigneur Shijô Kingô", on trouve le passage suivant :

“Le Dharma du Bouddha privilégie la victoire et la défaite, alors que la loi mondaine privilégie la punition et la récompense”.

Cette phrase montre la véritable signification du bouddhisme, pour ce qui est de la propagation dans les trois pays, se distinguant clairement des enseignements hérétiques, relevant des voies extérieures, déjà existants. Penser qu’il suffit d’obtenir la victoire, par n’importe quel moyen, ne correspond plus au sens véritable du bouddhisme.

Or, ils ne retiennent uniquement que la partie “privilégie la victoire et la défaite” et ils vont jusqu’à dire que “Le bouddhisme est la victoire ou la défaite ; le Bouddha est celui qui gagne”. Il n’existe pas en bouddhisme ce genre de commentaire, qui constitue une totale aberration. Cet exemple nous suffit pour comprendre que, malgré leur prétention d’être reliés directement au Gosho, ils sont loin d’être au fait de la doctrine qu’ils interprètent et déforment à leur guise.

A mon avis, ils vont inventer diverses hérésies. Pour pouvoir y répondre, nous devons bien comprendre l’ordre des enseignements de Nichiren Daishônin. Avant son exil à l’île de Sado, il procéda à la propagation du Daimoku. Puis, c’est à partir de la période de Sado qu’il indique la substance du Gohonzon. Ceci est évident.

C’est dans ce sens qu’il faut réfléchir. Par exemple, cette phrase du traité "En une vie devenir Bouddha" est très souvent citée :

“Toutefois, quand bien même réciterait-on le Sutra de la fleur de lotus de la loi merveilleuse, si l’on pense que les dharma existent hors de son propre cœur, il ne s’agit plus du tout de la loi merveilleuse”.

Il ne convient pas de commenter cette phrase directement, à l’état brut. Nous devons la lire en ayant à l’esprit le sens que possède le Daimoku de la doctrine originelle (Honmon no Daimoku) dans ce traité ; ensuite, en considérant le Dharma merveilleux (Myôhô), qui se traduit par l’aspect réel de tous les dharma, c’est-à-dire la Une pensée trois mille de notre propre cœur, selon la comparaison entre les sutra provisoires et la doctrine éphémère du Sutra du Lotus. Dans un sens plus profond, selon la comparaison entre la doctrine originelle et la doctrine éphémère, on peut y voir le véritable éveil de l’atemporel, et encore plus avant, selon la comparaison entre la récolte et l’ensemencement, le Dharma contenu dans le cœur de notre fondateur, le Bouddha originel Nichiren Daishônin. Il faut toujours commenter le Gosho en se fondant sur le cœur de Nichiren Daishônin.

Autrement dit, c’est après être entré au mont Minobu que Nichiren Daishônin révéla la véritable doctrine, qu’il manifesta en enseignant la forme du Gohonzon. C’est de là qu’il faut revenir au traité "En une vie devenir Bouddha". Ainsi, on peut comprendre cette phrase d’une manière qui correspond au cœur de Nichiren Daishônin.

Quand on interprète cette phrase selon cette méthode, il devient évident que “son propre cœur” désigne le cœur de Nichiren Daishônin, en tant que Bouddha originel, et qu’il n’y a nulle part le Dharma total du Gohonzon en dehors du propre cœur de Nichiren Daishônin. Pourtant, ceux qui inventent des significations hérétiques citent simplement cette phrase : “si l’on pense que les dharma existent hors de son propre cœur, il ne s’agit plus du tout de la loi merveilleuse”, pour prétendre que le Dharma merveilleux existe dans le cœur troublé des hommes ordinaires. Dans l’avenir, ils diront certainement que Daisaku Ikeda est le Bouddha. Ils finiront par nier la vénération envers le Gohonzon lui-même pour prétendre qu’il suffit de vénérer le Dharma merveilleux existant dans leur propre vie.

Ils commencent déjà à le suggérer. J’ai entendu dire que dans ses directives, la sokka Gakkai prétendait que lorsqu’on regarde les caractères “Nam Myôhô Renge Kyô Nichiren” inscrits sur le Gohonzon, il fallait lire “Nam Myôhô Renge Kyô Ma propre vie”. Cela signifie qu’ils ne portent aucun respect envers le Gohonzon, qui constitue la concrétisation de la volonté de Nichiren Daishônin. De ce fait, ils détruisent le respectable en y introduisant le vulgaire.

Ils prétendent que le Bouddha est celui qui se livre à l’observation de son propre cœur en tant que totalité du Dharma, sans tenir compte de la sagesse de Bouddha de Nichiren Daishônin. Quand on pense qu’il s’agit là d’une directive donnée par une organisation qui, jusqu’à ces derniers jours, était une organisation laïque de la Nichiren Shôshû, on comprend le degré de perturbation mentale qu’ils ont atteint.

Ce genre d’hérésie provient du fait qu’ils retiennent uniquement les phrases qui leur conviennent, sans tenir compte de l’intention de Nichiren Daishônin et sans connaître l’ordre des enseignements qu’il délivra au cours de sa vie. A partir de maintenant, la Soka Gakkai va montrer de plus en plus clairement son aspect de secte hérétique. L’origine de son erreur se trouve dans cette idée de “lien direct avec le Gosho”.

Lorsqu’ils parlent de “lien direct avec le Gosho”, aussi bien que de “lien direct avec Nichiren Daishônin”, leur prétention ne se distingue nullement de celle de l’école Minobu ou les autres écoles Nichiren, qui n’ont pas la transmission.

En définitive, l’expression même “lien direct avec le Gosho” s’oppose à la volonté de Nichiren Daishônin. Il faut comprendre et interpréter le Gosho correctement, en étant fondé sur le bouddhisme de la transmission, en prenant pour guide les orientations des Souverains du Dharma successifs. Sans cela, on ne peut jamais comprendre de manière correcte.

Autrement dit, prétendre avoir un “lien direct avec le Gosho” ne représente que la vision extrême5 de Daisaku Ikeda, qui ne diffère en rien des diverses interprétations des autres écoles et sectes. Comme je l’ai dit tout à l’heure, il y a là une mésinterprétation du sens des phrases causée par sa compréhension insuffisante de béotien. En outre, son manque de foi a provoqué une opposition à la volonté de Nichiren Daishônin.

La doctrine du Kaidan dont j’ai parlé tout à l’heure constitue un bon exemple. Tout en lisant les passages concernant le Kaidan dans le "Traité sur les trois grands Dharma ésotériques" et le "Traité sur le Dharma propagé au cours de ma vie", il tente à tout prix de dire qu’il l’a accompli, alors qu’en réalité il s’éloigne du cœur de Nichiren Daishônin. C’est une interprétation erronée.

On y trouve déformation et mésinterprétation. Cela ne constitue qu’une doctrine et une vision personnelles de Daisaku Ikeda.

Quels que soient les termes bouddhiques dont il s’agit, lorsque Daisaku Ikeda les utilise, il en profite pour se vénérer lui-même. De toute façon, les interprétations des termes bouddhiques par Daisaku Ikeda sont réellement horibles.

Par exemple, il utilise l’expression “Corps unique de la personne et du Dharma” (ninpô tai-ichi) au sujet de l’organisation de la Soka Gakkai. “L’organisation est le Dharma et chaque membre est la personne ; le fait que chaque membre se fonde parfaitement dans l’organisation représente l’unité de corps de la personne et du Dharma”. Je ne peux que rester bouche bée devant cette abération.

Il utilise aussi l’expression “Simultanéité du corps et de sa fonction” (Kûtai Kûyû). Cette terminologie fait partie de la doctrine de Myao-lo. Mais quand on l’utilise selon le sens de la doctrine originelle, il concerne le corps du Bouddha de la doctrine originelle. Or, il dit “Je suis le corps et les membres sont la fonction”. Il utilise n’importe quoi pour lui-même. C’est une hérésie issue de sa vision erronée du soi, associée à l’idée de “lien direct avec le Gosho”.

Ensuite, la notion de “lien direct avec Nichiren Daishônin” signifie que chacun étant relié directement avec ce dernier, Nikkô Shônin, Nichimoku Shônin et leurs successeurs sont inutiles. Autrement dit, on peut connaître la sagesse et vision du Bouddha sans aucun enseignement ni orientation des Souverains du Dharma successifs. Ce qui nie totalement la signification de Nikkô Shônin en tant que “personne unique” définie par la phrase “Ordre de la transmission sanguine Nichiren-Nikkô”. Cet orgueil monstrueux est ahurissant. Cela veut dire que n’importe qui, même un personnage comme Daisaku Ikeda, peut s’unir à Nichiren Daishônin, comprendre sa pensée, sa sagesse et sa compassion. Il s’agit là d’une manifestation du je m’en fichisme et du mépris envers Nichiren Daishônin.

Ils nient Nikkô Shônin et, en même temps, ils le respectent, soi-disant, en tant que trésor du moine. On constate qu’il n’y a aucune cohérence et qu’ils divaguent complètement.

A la réflexion, on n’aurait jamais pu connaître de manière correcte la doctrine de Nichiren Daishônin sans la conservation, jusqu’à aujourd’hui, du Trésor du Dharma par les Grands Patriarches successifs et sans leurs orientations. Daisaku Ikeda a pu parler d’une doctrine qui ressemble à celle de l’Ecole Fuji, même d’une manière fondamentalement déréglée, parce qu’il avait acquis, ne serait-ce qu’un peu, d’étude en lisant les Gosho au travers des orientations des Grands Patriarches successifs. Sa compréhesion de l’étude est en fait très médiocre. Cependant, n’ayant fondamentalement aucune foi, il a fini par proposer des doctrines hérétiques fondées sur son attachement à son ego.

C’est pourquoi, malgré sa prétention d’être directement lié à Nichiren Daishônin il interprète, avec sa propre vision, chacun des trois grands Dharma ésotériques, qui constituent l’ultime orientation de Nichiren Daishônin. Ce ne sont que des fadaises.

A présent, je vais aborder les idées fallacieuses que développe la Soka Gakkai à l’égard de la Nichiren Shôshû, des moines et des temples.

Depuis longtemps, Daisaku Ikeda dit : “Le temple n’est que le lieu où l’on reçoit le précepte. Si on se méprend, le bouddhisme tombe dans le centralisme des temples et finit par devenir formalisme et apparence. Ceci est prouvé par l’histoire. C’est pourquoi, il n’y a que la Soka Gakkai”. Ce qui veut dire que la pratique centrée sur le temple devient obligatoirement formaliste et que, par conséquent, Kôsen Rufu ne peut jamais se développer.

Je vous demande de bien graver ce dédain dans votre esprit. Nous devons consolider le fondement de Kôsen Rufu, le développer et le propager, par notre foi et notre pratique en tant que moines de la Nichiren Shôshû, afin de détruire ce dédain qui provient du grand orgueil de Daisaku Ikeda.

Les responsables de la Soka Gakkai, Daisaku Ikeda et les autres méprisent les temples où est enchâssé le Gohonzon, ainsi que les moines qui gardent le Dharma. C’est là que réside l’origine du problème de la “ligne de 1977”. Je pense que, dans un sens, la Soka Gakkai avait la manie de la persécution et concevait de la méfiance à l’égard de la Nichiren Shôshû. Cela s’est aggravé au point où elle a voulu assujettir la Nichiren Shôshû.

Le quatrième président de la Soka Gakkai, Hiroshi Hôjô, par exemple, ne faisait qu’une partie de la troisième prière silencieuse, n’exprimant sa reconnaissance que jusqu’à Nichimoku Shônin. Il supprimait volontairement les Grands Patriarches suivants car il n’estimait pas nécessaire de les remercier. Depuis longtemps, la foi était détraquée dans la Soka Gakkai. Pendant longtemps, j’ai été trompé par son apparence. Je croyais que tous ceux qui croient en l’enseignement de Nichiren Daishônin essaient d’être honnêtes. En fait, fondamentalement, ils n’avaient aucune foi.

Parmi vous, certains se sont élevés contre la Soka Gakkai, voyant avec clairvoyance les manœuvres de ses dirigeants. Je leur exprime mon respect.

Cependant, si je dis cela, certains penseront “et bien, si on avait agit plus tôt...” Mais je leur demande de réfléchir au temps. Il faut tenir compte de plusieurs facteurs ; le temps, les circonstances, ainsi que les causes et conditions.

Après la guerre, j’ai eu l’intention de travailler à Kôsen Rufu en créant un Hokkekô au temple. La Soka Gakkai était alors en plein développement. Je m’y suis heurté à plusieurs occasions. Après plusieurs frictions, on m’a dit que dorénavant, dans la Nichiren Shôshû, il ne fallait plus réfléchir aux choses sans tenir compte de la Soka Gakkai. Aussi, ais-je abandonné pour un temps, mon idée de faire Kôsen Rufu par l’harmonie des moines et des laïques au temple. Je suis arrivé à me dire que la Soka Gakkai était l’organisation pour Kôsen Rufu et qu’il fallait l’aider dans son développement.

C’est dans ce contexte que Nittatsu Shônin me donna l’ordre de me rendre au temple Heianji, ce que je fis en 1963.

Vous devez avoir votre propre conception des choses. Mais il ne faut pas agir selon les causes et conditions, ou bien les réflections d’un jour. Il faut considérer tous les aspects, toutes les circonstances et le temps.

Aujourd’hui, l’hérésie de la Soka Gakkai est devenue évidente. Chaque chose a son heure. La Nichiren Shôshû, elle aussi est à l’heure où elle doit agir correctement et prendre les mesures justes. Je vous demande d’y réfléchir.

De toute façon, Daisaku Ikeda, mû par son grand orgueil, disait, depuis l’époque de Nittatsu Shônin : “Les bâtiments du Taisekiji, à commencer par le Shôhôndô, ainsi que les temples, partout au Japon, c’est moi qui les ai réalisés. Le développement de la Nichiren Shôshû est totalement dû à mes mérites. Ces Kudoku sont incommensurables. C’est pourquoi, ceux qui se moqueraient de moi ou de la Soka Gakkai, tomberont en enfer par la punition du Bouddha”. En disant cela, c’est à nous, les moines, qu’il faisait allusion.

En 1989, les directeurs de l’administration du Taisekiji me faisaient remarquer que le montant de l’offrande pour Gokaihi6 n’avait pas varié depuis longtemps et qu’il ne correspondait plus aux nécessités actuelles. Nous avons examiné ce problème sous divers angles et nous avons tiré la conclusion que l’offrande devait être légèrement augmentée. Nous avons proposé cette très légère augmentation à la Soka Gakkai. Celle-ci refusa en alléguant des raisons tout à fait plausibles.

Cependant, par derrière, ils dirent “Le Grand Patriarche actuel est près de ses sous. Il utilise la Soka Gakkai comme moyen pour gagner de l’argent. Il ne parle que d’argent”. Ils collectent des sommes faramineuses auprès des membres, au titre de Zaimu et ils marchandent pour une somme qui, en comparaison, est tout-à-fait modeste7 et de plus, représente l’offrande pour rencontrer le Dai Gohonzon. C’est lamentable. Le fondement de leur manière de penser réside dans la conscience de “ce qui m’appartient”, considérant que les membres de la Soka Gakkai leur appartiennent. Ils n’ont aucune envie de donner quoi que ce soit, même une infime parcelle à la Nichiren Shôshû. C’est de l’avidité au plus haut point. C’est pitoyable.

Daisaku Ikeda dit souvent : “Les temples sont simplement des lieux de cérémonie. C’est nous qui faisons avancer Kôsen Rufu. Nous avons la transmission sanguine directe avec Nichiren Daishônin. Le vrai bouddhisme n’est pas celui des moines. Je suis votre maître. La vraie foi consiste à me suivre”.

Et à ce sujet, il a prononcé des paroles inadmissibles qui m’ont été confirmées : “Nittatsu Shônin est mort parce qu’il avait tort. J’ai vaincu parce que j’avais raison”. Daisaku Ikeda juge tout dans le cadre de victoire ou défaite dans l’immédiat, sans considérer la profonde relation cause-facteur qu’avance le bouddhisme. Il veut toujours et à tout prix “avoir gagné”.

Il en va de même aujourd’hui. Il lui faut donner l’impression de la victoire. Et pour cela, il blâme, critique la Nichiren Shôshû, les moines et moi-même de toutes les manières : le mensonge, les inventions, les substitutuions, les expédiants et autres palliatifs. L’affaire clow en est la manifestation.

Le 14 octobre 1973, Daisaku Ikeda proféra des mots d’une extrême violence envers Nittatsu Shônin, dans le couloir Est du Shôhondô, disant : “Ne faites pas de la Soka Gakkai votre esclave!”. Nittatsu Shônin accepta ces offenses en se parant de la respectable armure de patience des moines, espérant parvenir au guider correctement.

Encore plus loin dans le passé, nous avons connu “l’affaire du Myôkoji”. Parmi vous, certains y assistaient. Moi-même, je me trouvais sur place en tant que membre du comité pour la construction du Shôhondô. Daisaku Ikeda a littéralement “engueulé” Daitô-in qui, à l’époque, était l’administrateur général de la Nichiren Shôshû. Les raisons à cela, paraît-il, auraient été le fait qu’il occupait une place marquant l’infériorité de rang par rapport au Grand Patriarche, ou encore, que les melons qui furent servis en guise de rafraîchissement étaient trop petits. Je crois bien qu’il a continué à crier pendant deux heures. Nous n’avons pas compris pourquoi il s’est mis en colère. Il laissait exploser son ressentiment envers la Nichiren Shôshû. Il était littérallement dans le monde des Ashura.

Mais nous nous sommes maîtrisés envers ce despotisme de la Soka Gakkai en nous armant de patience et en réfléchissant profondément au développement de Kôsen Rufu.

Aujourd’hui, les membres m’appellent “Nikken”, sans aucun titre de politesse. Daisaku Ikeda, lui, employait toujours le mot “Bôzu”8. Si un responsable s’adressait à nous en utilisant les expressions “Gosôryo”9, “Gosonshi”10 ou Sensei devant Daisaku Ikeda, il se faisait aussitôt réprimander. «Ce n’est pas la peine d’utiliser des termes de politesse envers les moines devant moi. Il suffit de dire “Bôzu”. Si tu veux être le protégé du Grand Patriarche, tu n’as qu’à te faire Bôzu toi-même».

D’autre part, il disait encore : “Les Bôzu doivent avoir de la reconnaissance. C’est moi qui les nourrit. Ils doivent y répondre”. Il a cet orgueil de se vouloir être plus remarquable que quiconque et n’a aucun respect envers les trois trésors de la Nichiren Shôshû.

Les obligations envers les moines sont indiquées dans les écrits de Nichiren Daishônin, tel que le "Traité sur les quatre reconnaissances”. C’est parce que les trois trésors ont correctement été transmis jusqu’à nos jours que Daisaku Ikeda a pu devenir croyant de la Nichiren Shôshû. Encore une fois, il inverse les situations.

Bien entendu, si Daisaku Ikeda n’avait pas sorti de telles choses, je n’aurais jamais dit, en tant que moine, qu’il faut avoir de la gratitude envers les moines. Je le dis afin de détruire son hérésie.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, mais faute de temps, je ne puis les aborder toutes.

Pour finir, j’aimerais parler du mot “univers”.

Ces temps-ci, nous recevons souvent des télécopies signées “Institut Ishida”. Je ne sais pas si cet Institut Ishida existe réellement, en tout cas, il nous envoie des lettres nous faisant remarquer les erreurs de Daisaku Ikeda. Dans ces lettres ont trouve la phrase suivante : «Daisaku Ikeda utilise le mot “univers” au lieu de “monde du Dharma”. C’est une erreur». Je ne suis pas tout-à-fait d’accord. Je pense qu’il est inutile d’être prisonnier de cela.

Le mot “Utchû11” n’est pas un terme bouddhique, c’est exact. Si ma mémoire est bonne, il s’agit d’un mot utilisé dans la Chine antique. Dans la pratique, on a commencé à l’utiliser fréquemment au Japon à partir de l’ère Meiji12.

Le “U” de “Utchu” signifie “avant-toît”. En même temps, il désigne un vaste espace ; l’espace entre le ciel, la terre et les quatre directions. Quant à “Tchû”, il désigne l’étendue du temps, le courant du passé, du présent et du futur. Autrement dit, le mot “Utschû” signifie le temps et l’espace sans limite.

Le bouddhisme enseigne les deux rétributions. Celle du principal et celle de son support. Le monde de Dharma exprime la rétribution du support, tel que le monde, ou le pays. Quant à la rétribution du principal, il s’agit des dix mondes. A ce point du contenu du mot “monde de Dharma”, si on utilise le mot “univers” pour exprimer auxiliairement son étendue, cela ne tombe pas forcément dans les conceptions non bouddhiques.

Nous sommes un peu trop nerveux quant aux mots qu’utilise Daisaku Ikeda, du fait qu’il les utilise dans un sens hérétique. C’est évidement une erreur que de considérer l’état de vie du Dharma total de la Une pensée trois mille de Nichiren Daishônin, objet de notre vénération, comme s’identifiant à l’univers. Néanmoins, si on l’utilise dans le sens auxiliaire de l’étendue du monde de dharma dans les dix directions, cela ne provoque pas de confusion.

Les Grands Patriarches précédents l’utilisaient aussi. Par exemple, dans les écrits de Nichiô shonin13, on trouve le mot univers. Et je comprend qu’il l’a utilisé comme explication de l’expression “monde de Dharma”.

Si on est trop sensible aux mots, on finit par ne pouvoir en utiliser aucun. On peut user de termes philosophiques pour expliquer les termes bouddhiques. Il est important de détruire les hérésies de Daisaku Ikeda. Mais je veux dire par là qu’il ne faut pas non plus s’attacher uniquement à l’utilisation des mots.

J’ai traité des points essentiels concernant les conceptions hérétiques de la Soka Gakkai. Dès à présent, il faut que nous réfutions jusqu’à la dernière les théories hérétiques de la Soka Gakkai, afin d’avancer sur le chemin de Kôsen Rufu en protégeant le Dharma correct, avec la conception juste des trois trésors et en essayant de comprendre correctement la signification des trois grands Dharma ésotériques de Nichiren Daishônin.  

Dai Nichiren - Novembre 1992 

 

 

PRECISIONS SUR LA TRANSMISSION

Par le Vénérable Yosai Yamada

  

I. Cours

Nous allons étudier ce soir la transmission sanguine. Cette transmission est une pratique très importante dans la Nichiren Shôshû, parce que, avec le Dai Gohonzon du Kaidan, elle constitue un fondement de l'Ecole depuis sept siècles. Il n'y a presque pas de textes qui traitent de cette question. Et comme c'est une transmission à la personne unique, pour les moines en général -à part le Grand Patriarche- comme pour les croyants laïcs, il s'agit d'une notion très difficile à comprendre. Personne ne dispose des moyens pour connaître le contenu-même de la transmission, et également le moment de la transmission, c'est-à-dire quand elle s'opère.

En fait, il n'existe pas de forme déterminée. Au sujet de la transmission entre Nichiren Daishônin et Nikkô Shônin, dans l'écrit de la transmission du mont Minobu, Nichiren indique qu'il transmet l'enseignement de toute sa vie à Byakuren ajari Nikkô. Toutefois, ce n'est pas pour autant que l'on puisse dire que cette lettre renferme le contenu total de la transmission. La relation qui exista de nombreuses années entre Nichiren Daishônin et Nikkô Shônin était une relation de maître à disciple. C'est-à-dire que pendant de nombreuses années Nikkô Shônin a servi Nichiren Daishônin; aussi, il est tout à fait naturel de penser que c'est dans la pratique et l'entrainement de tous les jours que la transmission entre Nichiren Daishônin et Nikkô Shônin s'est effectuée, au long de toutes ces années.

Dans le cours du Grand Patriarche que vous avez pu lire1, on trouve l'expression "feuilles d'or". En fait, c'est la première fois que les moines entendaient cette expression de la transmission des feuilles d'or. C'est la première fois qu'ils entendaient parler de cela. Par conséquent, cette transmission des feuilles d'or n'est connue que des Grands Patriarches successifs, les autres moines n'ayant pas la possibilité d'en connaître le contenu.

Nikken Shônin a d'abord expliqué la transmission. Dans la transmission, il y a deux côtés, deux faces : la personne qui donne et celle qui reçoit. Le 56ème Grand Patriarche, Nichiô Shônin, a commenté la transmission dans la "Distinction entre l'illusion et l'observation de l'esprit". Ce traité a été écrit par le Grand Patriarche en réponses à des attaques qui prétendaient que la transmission sanguine à la personne unique n'existait pas dans la Nichiren Shôshû. Cela a toujours été lorsque d'autres écoles parlaient de manière erronée de la transmission que les Grands Patriarches en ont parlé pour réfuter leurs dires.

Dans le traité de Nichiô Shônin il est indiqué : "Dans la transmission sanguine à la personne unique, il y a la transmission particulière et la transmission générale. La transmission particulière a pour objet le corps de Dharma2, c'est-à-dire le Dai Gohonzon, alors que la transmission générale a pour objet la doctrine. Cependant, celui qui reçoit la transmission particulière du corps du Dharma est le Maître qui guide les êtres. Quant à la transmission générale, qui est celle de la doctrine, tous les croyants la recoivent individuellement". Une seule personne peut donc recevoir la transmission du corps du Dharma : le Grand Patriarche.

Nichiô Shônin dit encore: "Par héritage de la transmission sanguine du corps de Dharma à la personne unique depuis le Daishônin et Nikkô Shônin jusqu'au cinquantième et quelque successeur, le Taisekiji a assis l'objet de la foi qu'est le corps de Dharma sans qu'aucun héritier ne propose la moindre contradiction." La transmission particulière est mentionnée dans la phrase suivante : "Le corps de Dharma, objet de la passation particulière, est le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle, gardé précieusement dans notre temple".

Il continue : "Outre la réception du corps du Dharma, il existe une transmission des paroles d'or à la personne unique. Celui qui n'a pas reçu la transmission des paroles d'or au successeur direct ne peut, en aucun cas, retranscrire le Gohonzon".

La transmission des paroles d'or est une transmission orale. Cette transmission des paroles d'or dans la Nichiren Shôshû englobe tout ce qui concerne la transmission. A l'intérieur de cette transmission orale (la transmission des paroles d'or), il y a la transmission des feuilles d'or qui constitue la transmission de documents.

On connaît les transmissions dites du Mont Minobu et de Ikegami, qui sont les deux textes qui traitent de la transmission entre Nichiren Daishônin et Nikkô Shônin. Ensuite, il y a un texte de Nikkô Shônin qui est la transmission de Nikkô Shônin à Nichimoku Shônin. Il existe aussi un texte en douze points de Nichimoku Shônin relatif à la transmission à Nichidô Shônin. On peut lire ces textes parce qu'ils existent. Dans la Transmission orale de la doctrine (Ongi Kuden), on peut lire que cette transmission orale contient la transmission des feuilles d'or.

Il y a également, dans les paroles d'or, les points importants qui sont transmis par les feuilles d'or. Les feuilles d'or existent à l'intérieur de la transmission des paroles d'or. C'est-à-dire que les points essentiels, naturellement, sont transmis de cette manière. Telle est l'explication de la diversité des feuilles d'or dans la Nichiren Shôshû.

Le contenu de la transmission des paroles d'or existe grâce à la profonde sagesse du Bouddha, qui apparaît en tant que documents dénommés feuilles d'or. Ce que dit le Bouddha est donc la transmission des paroles d'or. Cette sagesse profonde est retranscrite sur des documents. Et ces documents sont appelés les feuilles d'or.

En fait, dans la Nichiren Shôshû, c'est la transmission des paroles d'or qui est la totalité de la transmission. Donc la transmission des paroles d'or, fondamentalement, se passe entre celui qui la fait et celui qui la reçoit.

Pour avoir une idée de ce qu'est cette transmission, il faut vous rappeller de la cérémonie de Gojukai. Au moment de Gojukai, il y a celui qui transmet le précepte et celui qui le reçoit. Et entre ces deux personnes, c'est cela qui est Gojukai. La transmission des paroles d'or est similaire : il y a celui qui transmet les paroles et celui qui les reçoit. S'il n'y a pas l'un, il n'y a pas l'autre.

La différence entre Gojukai et la transmission sanguine tient à ce que, pour Gojukai (la transmission du précepte), il n'existe qu'une seule forme déterminée. Il n'est pas possible qu'il y en ait une autre. La transmission sanguine, en revanche, peut revêtir de nombreuse formes. C'est cela la grande différence. Par exemple, il arrive que de très jeunes Shônin soient désignés pour recevoir la transmission. Pendant de nombreuses années ils ont été éduqués et protégés dans ce sens, jusqu'au moment où il a été estimé qu'ils étaient aptes à recevoir la transmission.

En tout cas, pendant sept siècles dans la Nichiren Shôshû, le corps de Dharma, c'est-à-dire le Dai Gohonzon de l'Estrade des préceptes, a été correctement transmis jusqu'à aujourd'hui. Et on peut avoir foi dans le fait que la transmission des paroles du Daishônin s'effectuera dans l'infini du futur. L'important est de croire et de comprendre que la sagesse du Bouddha Nichiren Daishônin est permanente et éternelle.

 

II. Questions - Réponses

1) Question : Est-ce que l'on doit comprendre que la transmission sanguine est un processus continu, où est-ce qu'elle intervient à un moment donné ?

Réponse : On ne peut pas le savoir. Si l'on prend l'exemple de Nichiren Daishônin et de Nikkô Shônin, peut-être est-ce que le Daishônin a dit à Nikkô Shônin à un moment donné qu'il sera son successeur; ou alors, la transmission s'est peut-être effectuée pendant toutes ces années où Nikkô Shônin a servi Nichiren Daishônin. De toute façon, il y a toujours le principe de la personne qui transmet à la personne qui reçoit.

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2) Question : Qu'en est-il de la désignation par le Grand Patriarche de la personne à qui il transmet ?

Réponse : C'est une question très compliquée. Peut-être, si l'on a des biens à léguer et de nombreux enfants, fait-on un testament. Mais la transmission ne se passe pas de cette façon. La transmission n'est certainement pas quelque chose de mystique. Si on la considère selon ce point de vue, on se trompe. Avant Nichiren Daishônin, il y avait Tendai en Chine et Dengyo au Japon. Pour tous, la transmission se faisait de maître à disciple. Dans le bouddhisme tibétain également, la transmission se fait de maître à disciple. La forme fondamentale en est, dans le Sutra du Lotus, la transmission entre Shakyamuni et son disciple Jôgyô. La transmission de maître à disciple a toujours été présente dans le bouddhisme.

C'est pourquoi, dans la Nichiren Shôshû, aussi bien cette transmission sanguine que le Dai Gohonzon sont les deux choses les plus importantes. Si ce n'était pas ainsi, Nikkô Shônin aurait fait la même chose que les moines ainés: la doctrine aurait été perdue. Et le Gohonzon aurait été perdu.

Dans une certaine organisation, on dit que si on a le Gosho et le Gohonzon, cela suffit pour avoir la transmission. Le Gosho fait partie de la transmission de la doctrine. Tout le monde peut y accéder. Seulement, pour ce qui est du Gohonzon, il s'agit de la transmission à la personne unique. C'est la transmission du corps du Dharma. Si l'on pense qu'avoir le Gohonzon suffit et que l'on n'a pas besoin de la personne qui a reçu la transmission sanguine, on n'est pas relié au Dai Gohonzon. Notre Gohonzon n'est que la reproduction du Dai Gohonzon. Le Dai Gohonzon est l'objet de la transmission à la personne unique. Si on nie la personne qui a reçu le Dai Gohonzon, on se coupe du Dai Gohonzon.

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3) Question : Nichiren Daishônin a-t-il inscrit un Gohonzon adressé nominativement à Nikkô Shônin ? Les Grands Patriarches inscrivent-ils un Gohonzon pour désigner leur successeur ?

 Réponse : La réponse aux deux questions est non. On ne peut pas dire que le Gohonzon que Nikkô Shônin a dédié à Nichimoku Shônin -que vous avez peut-être vu au Dai Kyakuden- constitue toute la transmission. Quand Nikkô Shônin lui a transmis ce Gohonzon, Nichimoku n'est pas devenu Grand Patriarche. La totalité de la transmission, c'est la transmission des paroles d'or.

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4) Question : La transmission se fait-elle au moment où les Grands Patriarches inscrivent des Gohonzon ?

Réponse : Le Gohonzon n'est que la reproduction du Dai Gohonzon. Il y a des Grands Patriarches qui ont inscrits beaucoup de Gohonzon. Il y en a d'autres qui n'en n'ont pas inscrits. C'est le Grand Patriarche qui décide si, selon les conditions de l'époque, il faut ou pas en faire. Un Grand Patriarche a le pouvoir d'inscrire le Gohonzon. Mais les conditions de l'époque sont déterminantes. C'est le Grand Patriarche qui en juge. Lui seul peut décider si c'est le moment d'en inscrire.

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5) Question : Entre qui peut-on parler de relation de maître à disciple ?

Réponse : Dans la Nichiren Shôshû, il existe une relation de maître à disciple de Grand Patriarche à Grand Patriarche. Elle existe également entre le Grand Patriarche et les moines.

Depuis Nichiren Daishônin, le mot disciple n'est utilisé que pour les religieux. Les laïcs sont, quant à eux, des bienfaiteurs.

 

(1) L’ère meiji : 1866 - 1912

(2) Manju : boule de pain de riz farcie de purée de haricots sucrés.

(3) Le débat d’Otaru : Débat entre la Nichiren Shû de Minobu et la Nichiren Shôshû, représentée par la Soka Gakkai. Il eut lieu le 11 mars 1955 dans la ville d'Otaru, dans le Hokkaidô.

(4) En janvier 1972, la Soka Gakkai, sur demande de son président, monsieur Daisaku Ikeda, a déposé plusieurs demandes de brevets auprès de l’Office national de la propriété industrielle, concernant la marque commerciale “Nam Myôhô Renge Kyô”. La publication au Journal Officiel japonais de ces marques déposées est datée du 20 juin 1974. Des plaintes furent déposées par des organisations affiliées à l’Ecole Minobu et autres Nichiren Shû, qui récitent également Nam Myôhô Renge Kyô, Risshô Kosekai et Myôchikai Kyodan de Tokyo, ainsi que Myôdôkai Kyodan et Daihekikai Kyôdan de Osaka. Le dépôt fut annulé le 20 mai 1977. Il est à signaler que la Soka Gakkai a déposé de la sorte dix sept “marques commerciales”, dont “Shôhondô”, “Dainippon Komeito”, “Dai Nichirenge Zan”, qui est l’ancien nom du mont Fuji, etc.

(5) Vision extrême : Henken ; une des vues erronées.

(6) Gokaihi : “Ouverture des portes” ; c’est la cérémonie au cours de laquelle les croyants ont le privilège de rencontrer le Gohonzon du Kaidan.

(7) Pendant de nombreuses années, l’offrande pour Gokaihi avait été fixée à 1600 Yen par personne adulte, soit environ 67 francs français. En 1990, l’offrande passa à 2000 Yen, soit environ 81 fancs. La part annuelle de Zaimu, dans la Soka Gakkai est de 10 000 Yen (environ 420 francs par personne). Mais il faut savoir que les “directives” suivantes sont données au niveau des préfectures :

- Tout responsable de district doit donner au moins 100 000 Yen. Donner des directives personnelles à ceux qui ne le font pas.

- Donner toutes ses économies est normal ; le combat de la foi réside dans le fait de donner encore plus.

- Il faut qu’il y ait plus de trente personnes par chapitre qui donnent au moins 100 000 Yen.

- Ceux qui ne donnent qu’une ou deux part montrent la preuve qu’il n’ont pas de foi.

- Le combat des responsables de chapitre est de faire qu’autant de personnes donnent 1 million de Yen dans leur chapitre.

- Donner des directives personnelles et familiales de façon à ce que personne ne donne moins de trois parts.

(8) Bôzu : mot signifiant "tête rasée" et qui dans son acception très vulgaire qui désigne les prêtres bouddhistes. Ce mot fut repris par les portuguais avec la prononciation “Bonzo”, qui donna le mot français “bonze”.

(9) Gosôryo: “vénérable moine”.

(10) Gosonshi : “vénérable maître”.

(11) Utchû : univers en japonais.

(12 L’ère Meiji : 1868 - 1912.

(13) Nichiô Shônin : 1848 - 1922; 56ème Grand Patriarche de la Nichiren Shôshû.

1 Cours donné par Nikken Shônin le 28 août 1992 dans le Grand hall de lecture du Taisekiji, à l'occasion du 41ème séminaire d'étude des maîtres enseignants. Voir revues Dai Nichiren d'octobre 1992 et Bouddhisme de l'Ecole Fuji n°15, octobre 1992.

2 Corps de Dharma (Hosshin): l'un des trois corps du Bouddha. Les deux autres sont le corps de rétribution (Hôshin) et le corps de manifestation (Ojin).



[1] La Doctrine des dix non-dualités: Jippuni Mon : commentaire de miao-lo sur les dix sublimités des parties éphémère et essentielle citées par tendai  dans son Sens occulte du Sutra du Lotus.

[2] Articles de succession de Nikko : Nikko Ato Jojo no Koto ; écrit le 10 novembre 1332, ce texte de nikko shonin constitue la transmission de nikko shonin  à nichimoku shonin de l’intégralité de ce que lui-même avait reçu de nichiren daishonin.

[3] Traité sur la distinction entre l’illusion et l’observation de l’esprit : Benwaku Kanjin Sho ; écrit du 56ème Grand Patriarche nichio shonin (1848 - 1922).

[4] Traité en cent six points : Hyakurokka Sho ; traité oral délivré le 11 janvier 1280 par nichiren daishonin à nikko shonin.

[5] Traité sur la cause originelle inconcevable : Honnin Myo Sho ; le plus important et le plus secret des écrits de transmission de nichiren daishonin à nikko shonin. Transmis le 11 octobre 1282.

[6] Les plus anciennes retranscriptions de ces traités ont été effectuées par nichiji shonin (6ème Grand Patriarche), nisshin, du temple yoboji et nichiga du temple myohonji qui ont chacun apporté des corrections et des ajouts aux textes originaux, qui constituent les insertions en question.

[7] Ici, il est nécessaire de préciser qu’en japonais, les expressions “feuille d’or” et “présent maître” se disent toutes deux “Konshi”, bien que s’écrivant avec des idéogrammes différents, d’où la confusion (N.D.T.).

[8] nichigo : 1293 - 1353 ; l’un des six nouveaux moines aînés désignés par nikko shonin qui prétendit avoir reçu la transmission de nichimoku shonin.

[9] Traité sur l’école : Kechu Sho.

[10] nissei shonin : 1600 - 1683 ; 17ème Grand Patriarche de la nichiren shoshu.

[11] hori nichiko shonin : 1867 - 1957 ; 59ème Grand Patriarche

[12] keidai in : 1552 - 1666 ;  en 1645, cette fille de ogasawara hidemasa fit don à la nichiren shoshu du temple hoshoji dont la première pierre fut posée par nissei shonin. En 1632, elle fit l’offrande qui permit de constuire le mieido, à l’intérieur du taisekiji.

[13] nichimoku shonin : 1260 - 1333 ; 3ème Grand Patriarche.

[14] nichido shonin : 1283 - 1341 ; 4ème Grand Patriarche.

[15] Au cours de sa vie, nichimoku shonin se rendit plusieurs dizaines de fois voir les divers Shogun pour leur faire des remontrances. En 1333, alors que le système des Samurai s’était effondré et que le pouvoir était revenu aux mains de l’empereur, nichimoku shonin, sans tenir compte de son grand âge, partit au début du mois de novembre pour rencontrer l’empereur, en compagnie de nichigo et de nichizon. C’est au cours de ce voyage qu’il s’éteignit.

[16] nittatsu shonin : 1902 - 1979 ; 66ème Grand Patriarche.

[17] nichijun shonin : 1898 - 1959 ; 65ème Grand Patriarche.

[18] Traité sur la relation sanguine essentielle à travers vie et mort : Shoji Ichidaiji Kechimyaku Sho ; envoyé le 11 février 1272 au moine sairenbo nichijo.

[19] nichizon  : 1265 - 1345 ; disciple de nikko shonin. A l’automne 1279, il eut le regard attiré par une feuille tombant d’un poirier, alors que nikko shonin délivrait un sermon. Celui-ci lui dit : “Il n’y a pas de raison que celui qui a le désir de propager le grand Dharma ait la pensée distraite par une feuille qui tombe alors qu’il est en train d’écouter l’enseignement du Dharma. Tu dois partir sur le champ”. Ce n’est que douze ans plus tard qu’l fut pardonné. Entre temps, il avait parcouru le Japon d’est en ouest et établi trente six temples. En 1333, alors que nichimoku shonin, s’éteignait sur la route de kyoto, nichizon qui l’accompagnait, prit avec lui les cendres du Grand Patriarche et se rendit à sa place faire la remontrance à l’empereur. Il resta ensuite à kyoto où il construisit plusieurs temples dont le jogyoin auquel, par la suite, fut donné le nom de yoboji.

[20] Doctrines essentielles de la Nichiren Shoshu : Nichiren Shoshu Yogi ; livre publié le 28 avril 1978 par nikken shonin, alors qu’il était directeur du Département d’études.

[21] nisshu shonin : 1555 - 1617 ; 14ème Grand Patriarche de la nichiren shoshu.

[22] nissho shonin : 1562 - 1623 ; 15ème Grand Patriarche. Il est le fondateur, en 1616, du temple myokoji.

[23] nichiju shonin : 1567 - 1632 ; 16ème Grand Patriarche.

[24] Les dix huit mondes : juhachi Kai : composés des six racines (les cinq organes de perception plus la conscience), des six objets de ces perceptions et des six consciences (les cinq sens plus la conscience), ce sont les domaines de la connaissance empirique.

[25] Le Kosa : en sanscrit, Abhidarma-Kosa, ce qui signifie “Trésor de la scolastique”.

[26] nichikan : à ne pas confondre avec le 26ème Grand Patriarche, dont le nom se prononce de manière identique mais s’écrit différemment en caractères chinois.

[27] nisshun shonin : 1610 - 1669 ; 19ème Grand Patriarche.

[28] nichiryo shonin : 1771 - 1851 ; 48ème Grand Patriarche.

[29] L'une des vingt six paroles testamentaires de nikko shonin.

[30] En japonais, il n'est pas nécessaire qu'une phrase ait un sujet. Celui-ci se sous-entend et se comprend d'après le contexte ou l'emploi d'expressions de politesse (envers les autres) ou de modestie (pour soi-même), de sorte qu'il est parfois extrêmement difficile, en particulier pour des textes datant de cette époque, de déterminer quel est le sujet. Ici, la phrase peut parfaitement être traduite dans un sens opposé, à savoir : “Même le prêtre supérieur du moment ne doit pas utiliser les doctrines personnelles s’opposant au Dharma du Bouddha” (N.D.T.).

[31] Namu Amida Butsu : invocation du Bouddha amidha (amithaba), qui représente la pratique des Ecoles de la Terre pure.

[32] nichiman shonin : 1873-1951 ; 63ème Grand Patriarche de la nichiren shoshu.

[33] nichikai shonin : 1873-1943 ; 60ème Grand Patriarche de la nichiren shoshu et père de nikken shonin.

 

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Traduit du Japonais par Gérard Purec
et Publié dans la revue Le Bouddhisme de l'Ecole Fuji
ecole-fuji@wanadoo.fr